Friedkin dit lui même de ses films qu'ils tournent tous autour de cette frontière floue qui sépare le bien du mal. Dans Cruising, le maitre part de la trame ordinaire du polar noir et va y ajouter des éléments de plus en plus glauques. 4 ans après l'énorme Taxi driver de Scorcese, Friedkin va lui aussi se pencher sur la noirceur de la ville et la décadence qui règne dans certains quartiers .
Le héros, incarné par Pacino, va plonger dans l'univers homosexuel SM afin d'identifier et d'arrêter un tueur en série. Plus le film avance et plus Pacino semble perdre pied à l'image du personnage de De Niro dans Taxi driver que la noirceur des rues finie par rendre dangereux. Mais Friedkin est moins explicite dans sa démonstration et laisse le spectateur se faire une idée du changement qui s'opère en Pacino.
ATTENTION SPOILER De même que pour l'arrestation du tueur et ses motivations. Jamais Friedkin n'explique clairement ce qui pousse le tueur à agir. En dehors d'une scène de rêve éveillé où le tueur s'imagine parler avec son défunt père et de lettres que son assassin de fils continue de lui écrire. On devine que le père a dû violer le fils d'où la haine face aux homosexuel et à la propre sexualité coupable du tueur. Mais jamais Friedkin ne tente de l'expliquer. Et puis arrive cette fin bizarre où le tueur arrêté, un crime est encore commis. Le personnage de Pacino a-t-il basculé au point de devenir celui qu'il cherchait ? Là encore le film s'arrête sans tenter de donner d'autres explications que la tenue identique à celle du tueur avec laquelle Pacino revient chez lui.
Crusing laisse donc parler son atmosphère et ses acteurs comme bien souvent chez Friedkin se révélant une fascinante plongée dans un milieu décadent et trouble.