Devant les OFNI, il y a principalement deux réactions possibles : la sidération constructive et la sidération ennuyeuse. Même si la curiosité intellectuelle vaudra toujours le détour, c'est la seconde qui l'emporte haut la main en ce qui me concerne devant ce film éthiopien de science-fiction post-apocalyptique qui s'annonçait pourtant savoureux sur le papier.
Dans un récit de l'ordre de la fable futuriste (et vaguement métaphorique, on imagine, même si tous les "objets" ne font pas clairement sens...), on suit les pérégrinations étranges, et le mot est très faible, d'un nain difforme cherchant à rejoindre un vaisseau spatial pour semble-t-il rentrer chez lui. Il vit avec sa femme dans un bowling désaffecté (avec une séquence très lynchéenne dans laquelle un personnage apparaît dans le conduit d'où reviennent des boules de bowling), perdu au milieu de ce qui semble être une friche industrielle désertée depuis longtemps. Tout deux vénèrent un portrait de Michael Jordan dans ce monde où l'humanité semble avoir été presque entièrement éradiquée.
Le récit insiste lourdement sur plusieurs objets, comme des reliques du passé (et donc de notre présent) : une épée en plastique, une figurine de tortue ninja, un vinyle de Michael Jackson, etc. Ils finissent tous par flotter dans l'espace, au sens littéral, non sans un certain ridicule, sans qu'on sache trop pourquoi... On n'en saura pas plus quant à la présence du Père Noël un peu vindicatif, l'homme habillé en nazi avec son masque à gaz, le prêteur sur gage dans sa cave, la sorcière, etc. Au final, avec une telle accumulation de choses bizarres et absconses, on finit par s'ennuyer en dépit de la faible durée, à peine plus d'une heure, et en dépit de l'étrangeté de l'ensemble qui devrait en toute logique captiver.
Tout ce qui a trait aux peurs de Gagano (qu'il doit surmonter au cours de son voyage), aux vestiges du passé qu'il collecte (les crumbs du titre, les miettes), alimente un monde surréaliste qui ne m'a jamais vraiment atteint, en dépit de très belles images introductives (le désert éthiopien ?). Un court-métrage aurait sans doute été plus judicieux et plus efficace. C'est une œuvre un peu trop libre et expérimentale pour mon esprit cartésien, un peu, aussi, je suppose : il m'a presque manqué un guide de lecture.