Le cinquième élément

Dans la famille péruvienne de Cuadrilátero, l'habitude de vivre à 4 se poursuit, malgré l'arrivée d'un troisième fils, qui ne peut vivre qu'en périphérie du noyau central. Sauf que le dernier arrivé se rebelle et qu'un véritable jeu de chaises musicales s'instaure, d'où est exclu celui ou celle qui représente le cinquième élément et qui rompt l'harmonie carrée. Le film de Daniel Rodriguez Risco ne ressemble en rien au cinéma latino-américain que l'on connaît, avec son ton absurde, cruel et glacial, qui se rapproche grandement des premiers films de Yórgos Lánthimos. Le cinéaste tient la note sans faiblir sur la longueur dans cet ovni où l'horreur se mélange au grotesque et oblige à s'esclaffer de peur d'en frémir. La vision de la famille, avec ses règles intangibles et ses luttes pour le pouvoir, devient un territoire clos où tous les coups sont permis. En intégrant malgré tout ses personnages dans le monde extérieur, par petites doses, Cuadrilátero parvient à imposer sa logique perverse, suscite la réflexion et même une certaine jubilation peu avouable. Le dénouement est certes insatisfaisant mais il était quasiment impossible de donner une fin convaincante à cet exercice de style gracieusement tordu.