Dans mon esprit, trois films d'horreur émergeaient du marasme ambiant de ce genre de cinéma dans les années 2000 et parvenaient à être un peu plus originaux et intéressants que le reste, à savoir Cube, Rec et Saw. J'ai revu le troisième et mon avis est resté le même, c'est à dire que Saw était bien trop sous-estimé et surtout frappé d'un ostracisme qui ne devrait concerner que ses affligeantes suites. Cube subit le même genre de mépris mais pour une raison bien différente : c'est une expérience cinématographique assez radicale, qui peux surprendre et en agacer plus d'un. En effet, ce n'est pas du côté de la psychologie ou du jeu d'acteurs qu'il faut aller chercher l'intérêt du film. Deux choses sont importantes et marquantes dans ce film : l'atmosphère et surtout l'idée basique de Cube, à savoir dix personnes enfermées dans un cube géant, composé de nombreuses pièces (elles-aussi en formes de cubes) dont certaines piégées. La compréhension de ce système complexe et de son fonctionnement est distillée lentement tout au long de l'avancement de l'histoire, par les découvertes progressives des personnages.
Ces fameux personnages sont d'ailleurs parfaitement antipathiques, l'empathie ne fonctionne alors guère ici. (Et c'est encore pire en VF) Entre l'hystérico-paranoïaque Holloway, le brutal et psychotique Quentin, le nihiliste Whort et la méprisante et assez plate Leaven, difficile de savoir lequel on a le plus envie de baffer. (Bizarrement, c'est vers l'autiste Kazan - même si c'est une représentation bien mainstream et caricaturale de l'autisme - ou vers Rennes, qu'on ne voit que peu, que ma sympathie irait en priorité) Mais, pourtant, on suit leurs pérégrinations avec intérêt, en étant subjugué par leurs confrontations avec les pièges et surtout par la montée dramatique de la tension entre eux, puisque l'instinct de survie met leurs nerfs à vif et les poussent aux pires forfaitures. On évite alors un piège des plus grossiers, qui serait de tout miser sur les pièges et le côté sanglant de ceux-ci (Qui a dit Saw III ?) au détriment de l'atmosphère et surtout de la montée de la tension. Rien de cela ici, les pièges sont décrits sommairement et on passe vite dessus pour s'intéresser surtout au fonctionnement de ce fameux cube. Au final, Cube met en place une intrigue simple sans être simpliste, mais mise en place avec calme et recul, sans verser dans des excès d'hémoglobine ou de retournements de situations pour nous livrer un film court mais efficace, glaçant sans être terrifiant.
PS : Malgré sa courte durée, le film tire parfois un peu en longueur, certaines scènes auraient peut-être gagnées à être raccourcies. Cube 2, dans mes souvenirs, versait un peu dans l'excès de répétition du premier (forcément...) mais également dans la prépondérance des pièges. Mais, pourtant, ces fameux pièges étaient vraiment élaborées et surtout, ils jouaient avec les lois du temps et de l'espace et ça, ça m'avait bien plu. À revoir, donc.