Cube fait partie de ces films éminemment sympathiques qui redonnent foi en un cinéma fantastique original et de qualité. Pourtant le synopsis est on ne peut plus basique : un groupe d’individus doit survivre dans un environnement hostile. Du vu, re-vu et archi-vu. Dans les mains d’un tâcheron le film serait resté dans l’oubli. Mais Vincenzo Natali est tout, sauf un tâcheron. Le Canadien, malgré un maigre budget a réussi le tour de force de réaliser un film passionnant du début à la fin, et cela dans un décor unique.
La grande force du film est de toujours surprendre. Et ceci dès la séquence d’ouverture, ultra gore. Et quand l’action risque de devenir redondante il y a toujours une solution : on introduit un nouveau personnage (Kazan), on imagine des pièges encore plus pervers qui donnent lieu à un suspense à couper au couteau (la pièce réagissant au bruit), on brouille les pistes du labyrinthe (vive les mathématiques !)… Et surtout on s’intéresse à des personnages qui ont chacun une importance déterminante. Ces personnages au vécu et au caractère très différents vont peu à peu se dévoiler, pour le meilleur et pour le pire. L’horreur change de camp, elle n’est plus représentée par le cube mais par la nature humaine, paranoïaque de surcroît. Dès lors que l’unité n’existe plus, comment survivre ? Natali nous offre là des scènes psychologiques aussi fortes, voire plus fortes que les scènes de pièges, jusqu’à une fin très ambiguë.
Ajoutons à cela des acteurs très crédibles, des décors minimalistes mais originaux, un montage efficace, son lot d'équations métaphysico-matheuses et ses péripéties sadiques, ce conte, bâti avec trois francs six sous.et on obtient Cube , séduit l'esprit autant qu'il épate l'oeil. Une merveille de Série B inventive qui ne prend jamais le spectateur pour un gogo. C'est en tout cas un casse-tête qui, au carrefour de l'enfer sartrien et de «L'Odyssée de l'espace» selon Kubrick, donne du volume à nos pires angoisses. Le bonheur, quoi.
Clin D'œil :
➡️Grand Prix Festival Gerardmer 1999.
➡️Le film a été entièrement tourné dans un entrepôt d'un quartier industriel de Toronto, mis gracieusement à la disposition du Canadian Film Centre par les Studios Wallace Street.
➡️Un autre dvd français, collector, est sorti le 5 juin 2003.
Les noms de tous les personnages sont tirés de pénitenciers: Quentin: la prison d'état San Quentin à Marin Country, Californie Holloway: La prison Holloway à Londres Kazan: la prison de Kazan en Russie Rennes: La prison de Rennes en France Leaven et Worth: Le pénitencier de Leavenworth à Leavenworth, Kansas.