Quand on cause adaptation de Stephen King au cinéma, on retient principalement les réussites éclatantes telles que Stand by Me, Carrie ou Shining, ou au contraire, les désastres que sont Dreamcatcher ou Running Man. Tout en zappant au passage les transpositions plus modestes, celles qui ne figureront jamais dans les anthologies prestigieuses du cinéma mais qui font le boulot, respectant l'oeuvre originelle tout en parvenant à se suffire en tant que simple film.
Sorti en 1983, Cujo fait partie de cette catégorie un brin ingrate, mais aura, l'air de rien, marqué les spectateurs l'ayant découvert en VHS et reçu l'adoubement d'un Stephen King pas franchement connu pour dresser des lauriers aux imprudents se penchant sur son travail. Un temps envisagé pour Peter Medak, le long-métrage se verra finalement confié à Lewis Teague, remarqué grâce à une autre terreur animale, Alligator, et qui reviendra à l'univers du King peu de temps après avec le film à sketchs Cat's eye.
Avec trois bouts de ficelle et l'aide de techniciens talentueux, le cinéaste parvient à instaurer une atmosphère ô combien tendue et stressante, use d'une captation sèche et dynamique, offrant aux spectateurs leur lot de stress et d'angoisse, culminant bien entendue lors des séquences d'attaques animales. On ne pourra que saluer le boulot de dressage incroyable effectué avec le(s) brave(s) saint-bernard (doublé dans quelques plans brefs par un cascadeur... déguisé en chien), ainsi que l'implication physique et émotionnelle des comédiens, la peur et la détresse de Dee Wallace et surtout du tout jeune Danny Pintauro étant foutrement palpable à l'écran.
Faute de temps et de moyens, Cujo taille dans le roman de Stephen King, dégraisse au maximum son intrigue, apportant ainsi à l'ensemble un rythme soutenu, atténuant grandement les errements parfois lourds du matériau de base. Si certains personnages peinent à exister réellement (le mari et l'amant en premier lieu), ils servent cependant le background de l'héroïne, d'une façon peut-être artificielle il est vrai.
Filmée à hauteur d'homme, projection assez efficace de nos peurs enfantines (aspect renforcé par la photo de Jan de Bont), Cujo est une excellente série B qui mérite d'être (re)découverte, pouvant même tenir tête à des adaptations bien plus reconnues. C'est peut-être pas du Kubrick ou du Carpenter mais s'en est pas moins appréciable.