Dès le début, nous sommes plongés dans une ambiance étrange, très particulière. Deux bandits pas mal amochés, une voiture qui ne veut plus rouler, un château du XIème siècle isolé de tout avec, à l'intérieur, un couple de jeunes mariés si dissemblables. Bienvenue dans un des grands films de Polanski.
Car c'était l'époque où le cinéaste était novateur, brillant, dérangeant (très loin du réalisateur froid, académique et chiant du Pianiste). En quelques scènes, il nous fait comprendre que ce film ne sera pas ordinaire. Et, pour commencer, l'oeuvre échappe à toute classification. Mélange de comédie absurde, de drame, de polar avec, à certains moments, une ambiance à la limite du surnaturel.
Il faut préciser que le film n'a pas une intrigue ultra-développée. En gros, il ne se déroule pas grand-chose. Et ce n'est pas grave, car l'intérêt n'est pas là. Les personnages sont remarquablement bien interprétés (inoubliable trio Lionel Stander, Donald Pleasance et Françoise Dorléac), formant un triangle ridicule et pathétique.
Mais c'est surtout la réalisation qui fascine. Polanski insiste sur l'enfermement de ses personnages : une très grande partie du film se déroule dans le château, dans des pièces sombres et basses de plafond, avec une caméra très proche des acteurs. Les rares plans sur le paysage ne sont là que pour confirmer l'isolement, donc l'enfermement. C'est un huis-clos.
A cela, il faut ajouter l'alcool, la tension (sexuelle entre autre, avec une forte ambiguïté : lors sa première apparition dans le film, Donald Pleasance est travesti).
Voilà donc un film déroutant, étrange, inclassable, qui ne plaira pas forcément à tout le monde.