Le risque d'écrire un texte sous ce titre exquis est patent mais je décide d'en faire fi au mépris de tout bon sens.
Malgré une note qui peut paraitre un peu sèche de prime abord, en quelques mots je vais clamer que Curiosa n'est pas mauvais, mais que Curiosa est maladroit.
C'est donc, contrairement au film, en mettant un voile pudique et non "pubique" sur l'affirmative franche et ferme quant à l'appréciation de l'oeuvre sus-citée et des émotions ainsi suscitées, que je vais commencer.
Les acteurs sont bons, Noémie Merlant a un regard fantastique et expressif contre lequel tous les mots du monde ne peuvent que venir s'échouer faute désormais d'intérêt.
La réalisation, le scénario, et les dialogues ne déméritent pas, car sans être véritablement originaux, ils ne sombrent pas non plus dans certains travers que l'on voit trop souvent dans les films en costume et parmi lesquels je ne citerai que le langage ampoulé.
La structure est donc pour moi honnête sans pour autant être parfaitement robuste.
Car en effet, Curiosa me semble maladroit.
Les moments de fougue de la réalisation sont marqués par une bande originale electro, qui n'est pas désagréable, mais un peu original dans le contexte du film, surtout lorsque les passages à l'écran deviennent de mini clips presque déconnectés du récit, insistant un peu trop lourdement sur quelque chose dont je n'ai pas nécessairement la clef ici, donnant l'impression de "mâter un porno", nous faisant sortir du film, et de tout attachement émotif que nous aurions pu y avoir. Ce qui, comble de l'histoire ici, gomme à mon sens toutes les passions dans lesquelles nous pouvions être emportés lors du partage d'une telle histoire... Aboutissant malheureusement à des périodes de somnolence !
La maladresse de ces fulgurances est aussi renforcée par la direction d'acteurs : lorsque Marie de Héredia et Pierre Louÿs se trouvent seuls à progresser dans un couloir, Marie danse sur l'air contemporain de manière contemporaine ... c'est à mon sens trop d'un coup lorsque avant la forme est tout à fait classique, on ne peut qu'être éjecté de l'histoire et de ses élans, alors que le moment était important.
Par opposition, les parties classiques étaient peut-être un peu trop plates, et malgré une nudité somme toute justifiée des acteurs, nous n'entrons pas vraiment dans leur intimité : on semble obnubilé par le sujet des photos coquines au mépris des personnes qui les ont vécues, l'histoire nous est vaguement schématisée, mais on va nous montrer de la prise photo à gogo, et tant pis si le spectateur ne peut pas partager cette passion qu'ont certainement vécus les gens derrière l'anecdote.