Le film raconte les démêlés du réalisateur Michael Curtiz sur le tournage de Casablanca, dont la Warner attend quelque chose de patriotique pour l'effort de guerre, et il attend avec angoisse des nouvelles de sa soeur en Hongrie, menacée par les Nazis.


Curtiz est un film étonnant dans le sens où c'est un film hongrois, totalement passé sous le radar des critiques, et qui a eu la mauvaise idée de prévoir sa sortie internationale début 2020. Sauf qu'à cause du coronavirus, ça ne s'est pas produit, et c'est Netflix qui l'a acheté pour une durée de deux ans, mais là aussi, j'ai l'impression que personne ou presque n'en a parlé.
Pourtant, pour un film parlant du cinéma dans la même époque de Mank, qui parle aussi des coulisses du cinéma au début des années 1940, je trouve Curtiz vraiment passionnant, car on voit non seulement le travail du réalisateur avec son équipe, ses scénaristes et les comédiens, mais également qui était l'homme Michael Curtiz. Malgré la beauté du noir et blanc, on sent que le film a eu un tout petit budget, étant donné que tout se passe en intérieurs, ce qui lui donne cet aspect parfois froid, avec des acteurs vraiment bons, notamment celui qui joue Michael Curtiz. On sent l'homme déchiré par le drame que vit son pays de naissance, la Hongrie, et les notes incessantes de la Warner qui lui envoie sans arrêts des chiens de garde pour en faire quelque chose de patriotique, voire de modifier le scénario.
Michael Curtiz est également montré sous ses mauvais jours, volontiers adultère, cassant voire humiliant avec son casting, notamment quand il fait lentement dégager un acteur du champ de la caméra ou répondre de manière sèche à une demande d'Ingrid Bergman. Ce qui en fait un véritable paradoxe ou, au fond, on comprend que c'est pour cacher des blessures, notamment ses rapports difficiles avec ses enfants ou sa femme, mais que pour lui, seul compte vraiment le cinéma.


Bien que le film ne soit pas facile d'accès, notamment à cause de ce tournage en studio et des scènes parlées en plusieurs langues dont le hongrois, Curtiz est comme sorti du néant, malheureusement éclipsé par l'actualité, et espérons que, contrairement à Mank, il gagne au fil du temps une véritable légitimité.

Boubakar
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le 23 mars 2022

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