Cyborg
4.3
Cyborg

Film de Albert Pyun (1989)

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D’abord il y a eu la révolte des gilets jaunes, puis l’épidémie de covid-19 a renvoyé tout le monde à la maison. Les choses se sont alors tassées, et la population s’est alors remise à rêver à des lendemains meilleurs mais l’illusion n’a malheureusement été que de courte durée face aux nombreuses crises qui ont frappés notre société, économique, énergétique, écologique… La Guerre que l’on pensait se dérouler loin de nos frontières nous a finalement rattrapé et quand il a semblé que les choses ne pouvaient pas empirer, ESC a sorti une édition remasterisée de Cyborg sur laquelle les cinéphiles se sont rués comme des morts de faim. Probablement parce que celui-ci porte la marque des grands films, de ceux qui divise la critique en deux camps bien distinct mais surtout parce qu’il possède ce cachet typiquement old school, ce grain de folie et ce petit supplément d’âme qui manque aux productions des plateformes de SVOD. Dans ces temps troublés où tout n’est que désolation, cataclysme environnementaux, haine, conflit et misère, qu’il est bon de se replonger dans une salle pour voir un héros tenter d’entretenir le dernier espoir sur lequel repose le sort de l’humanité. Après tout, les années 80 étaient déjà le creuset des fantasmes de nombreux cinéastes à la suite du séminal Mad Max 2. Plusieurs générations se sont donc succédés pour proposer leur propre vision d’un monde post-apocalyptique bien qu’ils aient souvent souffert de la comparaison avec George Miller. Ils sont bien trop nombreux pour les citer, particulièrement dans le bis italien. Albert Pyun le réalisateur hawaïen s’y est également essayé plus qu’à son tour (Omega Doom, Nemesis, Knights).


Rien ne prédisposait pourtant Cyborg à un tel plébiscite quant on prend le temps de s’intéresser à sa genèse particulièrement chaotique. Il faut savoir que la Cannon était alors en grande difficulté financière à la suite de plusieurs échecs au box-office notamment celui de Superman IV, et fût bientôt contrainte d’abandonner plusieurs projets de long-métrage en cours de pré-production, Spider-man ainsi qu’une séquelle des Maîtres de l’univers qui auraient initialement dû être tous les deux réalisés simultanément par Albert Pyun. Les producteurs vont alors le missionner de leur livrer un script qui soit peu onéreux à produire et qui puisse recycler tous les sets de costumes et accessoires investis à hauteur de deux millions. Son choix se portera donc sur un film post-apo ce qui tombe bien puisque les déchets et les ruines industrielles étaient relativement bon marché à l’époque (dire que l’on dépense désormais des sommes astronomiques afin d’en reproduire l’environnement). Cyborg ne nécessitera ainsi qu’une rallonge de 500 000 $ et n’aura pour ainsi dire aucun mal à se commercialiser grâce à la présence providentiel de Jean Claude Van Damme bien que Chuck Norris fût le premier choix du cinéaste. Le belge était alors dans tous les bons coups (Bloodsport, Kickboxer) et son surnom « JCVD» était surtout synonyme de succès pour Menahem Golan et Yoram Globus. L’acteur était-il néanmoins l’antidote pour sauver la Cannon de la banqueroute ? Rien n’est moins sûr. Et si le film a bien du mal à se défaire de sa réputation de nanar avec ces guerriers qui passent leur temps à brailler comme des fauves en s’infligeant des gros coups de savates dans les côtes, cela est bien à mettre au crédit de sa star qui en a assuré le montage avec son compère Sheldon Lettich.


Pourtant, il convient de rétablir certains faits, puisque le film n’était pas encore prêt au moment de sa projection test, ce qui conditionna les mauvais retours du public et laissa l’occasion à JCVD d’en faire un nouveau véhicule à sa gloire au grand dam de l’Hawaïen qui lui avait imaginé une toute autre histoire axé autour de la sauvegarde des technologies que son antagoniste voulait par dessus tout empêcher afin de ramener la civilisation à l’âge de pierre. Finalement l’intrigue tournera autour d’un antidote contre la peste que ce dernier cherchera à s’accaparer pour empêcher l’humanité de s’en prémunir et ainsi mieux asseoir sa domination. Quelque soit la version du script, Fender n’est intéressé que par le chaos qu’il engendre et l’éternel loi du plus fort. Cela avait néanmoins plus de sens dans le premier jet, qu’une épidémie qui aurait pu entièrement décimer le reste de l’humanité puisqu’il n’y aurai eu pour ainsi dire plus personne à soumettre ou à combattre. Le réalisateur avait également développé différents arcs narratifs autour de ses personnages qui seront également chamboulés dans la version finale, même si on retrouve cette quête de vengeance à la lueur d’un twist scénaristique Léonien. Il aura néanmoins l’occasion d’en livrer un director’s cut en 2013 (Slinger) à partir du film et des rushs VHS qu’il lui restait sous la main. Ce que Cyborg gagne donc en castagne et en séquence d’action, il le perd néanmoins sur l’atmosphère préalablement instauré par Albert Pyun qui n’était guère au goût du belge et donc par extension aux producteurs qui ont préférés se fier au jugement de leur poules aux œufs d’or. Il serait pourtant galvaudé de dire que mal leur en a pris tant celui-ci a été un succès au box office et dans les vidéosclubs. Mais le fait est que le film alterne aussi bien le meilleur (sa mise en scène et sa direction artistique) que le pire (ses bruitages, et le cabotinage de ses acteurs), ce qui ne devrait donc pas de sitôt apaiser les tensions entre ses détracteurs et plus fidèles admirateurs.


Si t'as atterri ici, c'est que toi aussi t'es un vrai dur à cuire qui aime les films de bonhommes. Alors si t’en a marre des féministes et des sitcoms romantiques de ménagères, rends-toi sur l’Écran Barge où tu ne trouveras que des vrais mecs qui portent leur baloches et règlent leurs comptes à l'ancienne en flinguant des hélicoptère avec des bagnoles. De la testostérone, de l'action, des fusillades, et des explosions ! !! !! AVEC DES PATATES PUTAIN !

Le-Roy-du-Bis
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le 22 août 2024

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