Dans les années 90, bon nombre de films ont eu droit à leurs suites DTV destinées à remplir les rayons des vidéoclubs. Certains films de Jean-Claude Van Damme ont eu droit à ce traitement, les plus connus étant Kickboxer qui aura eu quatre suites (et même un « remake » en 2016), et Bloodsport qui en aura eu trois. Les quarantenaires se souviennent sans doute des jaquettes de ces suites lowcost, sans JCVD. Mais beaucoup moins savent que Cyborg (1989) de Albert Pyun, également avec JCVD, aura tout de même eu droit à deux séquelles, sans le célèbre acteur belge, bien que seul Cyborg 2 aura eu droit à une sortie VHS chez nous par Delta Video. Il est même aujourd’hui sorti en DVD et même Blu-ray ! Alors intéressons à ce Cyborg 2 dans lequel la toute jeune Angelina Jolie a son premier vrai rôle après une toute petite apparition en 1982 (alors âgée de 7 ans) dans un film aux côtés de ses parents. Et pour les petits coquins du fond, on voit ses boobs ! Si avec ça je ne vous ai pas donné envie de vous intéresser à cette petite série B lowcost mais plutôt efficace, je ne peux plus rien pour vous. Comment ça ce n’est pas un argument des boobs !?! Mais ma parole, vous ne comprenez rien au cinéma !
Ce n’est que lorsque les producteurs ont lu le scénario de Glass Shadow qu’ils ont décidé d’en faire une suite au film d’Albert Pyun. Du coup, ce Cyborg 2 est un film plutôt autonome qui ne fait référence au premier qu’en y ajoutant quelques séquences façon flashback, le temps de quelques secondes. Le film se déroule des décennies après le film original Cyborg et, bien qu’on sente qu’il n’a pas beaucoup de budget, il créé admirablement bien son propre univers avec ce qu’il a, en racontant une histoire mêlant cyborgs, romance et action. Alors que le premier film n’était au final rien de plus qu’une succession de scènes d’action « héroïques » (notez les guillemets) sans réelle intrigue, Cyborg 2 est tout le contraire. Nous sommes ici dans un film de SF futuriste avec un scénario suffisamment travaillé, à l’ambiance cyberpunk, lorgnant bien plus du côté de Blade Runner que de celui de Terminator (comme la scène d’intro aurait pu nous le faire croire). Le rythme est plutôt lent car le réalisateur développe son ambiance, son histoire et ses personnages. Il est vrai que parfois le film semble un peu mou au début, mais on finit par se prendre au jeu et la relation entre les deux protagonistes fonctionne parfaitement et arrive même à être par moments touchante. Plus axé sur la réflexion que l’original, le film prend son temps et nous dépeint un univers futuriste où des sociétés se font la guerre pour le contrôle d’intelligences artificielles, des cyborgs qui peuvent être programmés pour devenir des esclaves, des soldats ou ce que vous voulez. Angelina Jolie incarne Cash, une superbe guerrière cybernétique entrainée par un mercenaire nommé Colton. Ils commencent à avoir des sentiments l’un pour l’autre et décident de planifier leur fuite, partir de cette mégalopole qui les a faits, à la recherche d’une oasis lointaine où ils pourront vivre en paix. Mais la société Pinwheel qui a créé Cash ne le voit pas sous cet œil et envoie des chasseurs de prime à leur poursuite.
Alors bien entendu, Cyborg 2 n’est pas un chef d’œuvre. Il fait partie de ce genre de films qu’il faut regarder pour ce qu’il est, une série B DTV ouvertement cheap qu’on découvre avec un œil amusé. Mais on est surpris de voir qu’il s’avère vraiment divertissant. On croit à son univers et c’était une bonne idée de ne pas essayer de le raccrocher plus que ça au premier film avec Van Damme. La mise en scène est très correcte et le travail fait par KNB EFX GROUP (Freddy 5, Evil Dead 3, Pulp Fiction, Kill Bill, …) est plutôt intéressant, aussi bien dans les plans de ville futuriste que sur les différents maquillages. L’utilisation de filtres de couleurs et/ou d’éclairage au néon donne au film une ambiance particulière et on regrettera seulement que la photographie soit un peu trop sombre. On comprend que le réalisateur veut dépeindre un monde en perdition, mais ça nuit parfois à la visibilité. L’action est plutôt correcte pour ce genre de divertissement. Les gunfights fonctionnent, on a quelques cascades intéressantes, dommage seulement que les combats martiaux, bien que semblant chorégraphiés, soient un peu gâchés par un montage qui ne leur fait pas honneur. Le scénario est un peu plus complexe qu’il y parait mais malheureusement les dialogues ne sont pas au point, flirtant parfois avec le ridicule. C’est dommage car les performances des acteurs sont plutôt solides. Elias Koteas (La Ligne Rouge, Les Tortues Ninja) s’en sort honorablement ; Billy Drago (Les Incorruptibles, Tremors 4) éclipse tout le monde à chacune de ses apparitions ; Angelina Jolie (Tomb Raider, Mr & Mrs Smith) est peut-être un peu trop rigide mais cela colle bien à son personnage de cyborg (et puis on voit ses boobs) ; Jack Palance (Tango & Cash, Le Mercenaire) livre une très bonne prestation dans le rôle du cyborg qui apparait sur les écrans de télévision comme un fantôme. Ajoutez à cela une bande son étonnement sympathique et vous obtiendrez une suite meilleure que l’original.
Cyborg 2 est une série B étonnement décente si on prend le film pour ce qu’il est. Son petit budget de 5.5M$US est bien utilisé, on croit à l’univers du film, et on passe un bon moment en compagnie d’Angelina Jolie dans son premier vrai rôle.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-cyborg-2-de-michael-schroeder-1993/