Sur les ruines fumantes de la Cannon, deux frères, Avi et Danny Lerner, anciens de la compagnie de Globan et Globus, fondent Nu Image dont le logo s'affiche fièrement au générique du film. Si aujourd'hui, Nu Image a produit Expendables ou John Rambo, au début des années 90, elle s'était spécialisée dans le film d'action en série tourné avec trois francs six sous et des acteurs de trente-sixième catégorie.
Pour Cyborg Cop, les frérots ont réuni Sam Firstenberg d'American Warrior 1 et 2 derrière la caméra et David Bradley d'American Ninja 3 et 4. Avec ces deux génies, le résultat ne pouvait être qu'explosif. D'explosions, il en sera beaucoup question. De cascades en moto aussi même si le doubleur est aisément reconnaissable à l'écran. Mais pour en revenir à David Bradley, si je veux bien lui admettre un certain charisme et une belle gueule à l'écran, il est aussi inexpressif sinon pire qu'un Chuck Norris. Quant à ses supposés aptitudes martiales, le karaté il me semble, difficile à dire tellement les bastons sont mal filmées, mal chorégraphiées.
A ce sujet, le combat final est d'ailleurs particulièrement ridicule à se demander si le réalisateur a vraiment regardé au moins une fois son film. Non, parce que quand je lis le dos de la boiboîte où il est marqué "un film d'action futuriste aux effets spéciaux impressionnants", je me gausse. Même Terminator tourné en 1984 donc quasiment dix ans avant Cyborg Cop 1 fait mieux. Et pourtant, James Cameron avait lui aussi peu d'argent. Donc la question du budget serré, j'y crois moyen et c'est plus facile de pointer ce manque de moyens plutôt que le manque de...talent de l'équipe technique.
Une qui n'en manque pas de talents, c'est la blondasse que se farcit ce brave David Bradley. Là, où je pensais qu’elle allait me les briser à force de jacasser contre notre héros, d'une scène à une autre, elle se mettra subitement à lui faire du rentre-dedans jusqu'à la scène d'amour cinq minutes plus tard. Ah, les sentiments, c'est vrai que ça va très vite dans un sens comme dans un autre. M'enfin à ce point-là.
Cyborg Cop est un mélange entre Robocop, Terminator et Commando pour le côté machine de guerre invincible accompagnée d'une blondasse inutile (là, où c'était une black chez Schwarzy) qui prend d'assaut une forteresse remplie d'hommes de main uniquement là pour faire des roulades inutiles par terre ou pour tomber au ralenti du haut d'un toit.
Il y a tout ce que le fan d'actioner de supermarché apprécie : des pétoires, des coups de feu, des explosions, des cascades, un héros au QI de pois chiche mais avec un sac banane, une soi-disant journaliste gaulée comme une vraie actrice porno et un méchant, dont je ne citerai pas l'acteur qui l’interprète tellement ça m'afflige, qui cabotine.
Dur, dur, cependant de se faire une place au soleil quand on se souvient qu'à l'époque Schwarzenegger et Stallone tournaient encore mais aussi Van Damme, Dolph Lundgren, Chuck Norris et autres Steven Seagal. Je me demande donc quel pourcentage de gens ont pu voir à l'époque Cyborg Cop 1 mais il n'a pas trop dû mal marcher visiblement puisqu'ils en ont fait un autre dans la foulée et même un troisième mais sans la même équipe.
De par l'aspect fauché du titre, le non-jeu de la plupart des acteurs, les faux-raccords, d'une manière générale, tous les clichés propres au film d'action des années 80 poussés à l'extrême et tournés avec trois bouts de ficelle, Cyborg Cop fait office de curiosité à une époque où les vidéo-clubs étaient encore florissants avant de décliner au début des années 2000. Une autre époque et c'est vrai qu'on en tourne plus des comme ça maintenant. Quant à savoir ce que sont devenus Firstenberg et Bradley, là aussi mystère. Le premier se serait retiré du cinéma en 2003, l'autre en 1997. Portés disparus, voilà une mission toute trouvée pour Braddock tiens.