Trop fort les zizis et le sexe
Soyons sérieux deux secondes s'il vous plait.
Par
le 17 juin 2018
La nationalité du réalisateur incite à penser que l’action se situe en Croatie, mais rien ne permet de l’affirmer catégoriquement. Tout se situe aux alentours et dans un village où l’on remarque l’aspect coloré des façades. Dans ce film d’animation, les décors sont quand même assez réduits et les personnages curieusement assez épais (influence du peintre Botero ?). Ce manque de finesse est peut-être à mettre en parallèle avec le manque de finesse des motivations des personnages. En effet, nous observons deux cyclistes se bagarrer pour la victoire dans une course locale de type critérium. Ils ne donnent pas l’effet d’être particulièrement jeunes (ni spécialement beaux non plus). Dans le village, depuis un balcon, une femme observe l’animation apportée par cette course. Elle non plus n’est pas physiquement remarquable. Dans les premiers plans où on la voit, on peut même se demander s’il s’agit d’un homme ou d’une femme. Rien ne dit si elle est en relation de quelque façon que ce soit avec l’un ou l’autre des deux cyclistes qui se disputent la victoire.
Ce qui apparaît rapidement, c’est que l’effort des cyclistes ponctué d’ahanements réguliers est mis en parallèle avec ceux produits par un couple en pleine copulation. La femme vue à sa fenêtre est donc présentée dans diverses positions et situations avec un homme. Le réalisateur s’arrange pour mettre les situations de courses comme des prétextes à fantasmes des coureurs auprès de la femme. Autant dire que si c’est plutôt astucieux et bien vu, cela amène quand même quelques questions. A vrai dire les incertitudes viennent du fait que ce court métrage (8 minutes) ne comporte aucun dialogue. On peut donc se demander si les fantasmes présentés ici sont des projections de l’un ou l’autre des cyclistes ou bien des deux. On peut se demander si ce sont de simples fantasmes ou bien si au moins l’un des deux sait qu’il retrouvera la femme après la course. Dans un tel cas, on peut imaginer que la femme serait plus enthousiaste après une victoire de son partenaire. L’ébat amoureux viendrait en quelque sorte comme une récompense intime. Mais, la mise en scène laisse un doute. Il se pourrait que ces situations soient juste une façon maligne de faire un parallèle entre deux efforts physiques et de jouer sur le fait que les spectateurs vont s’amuser de ce parallèle. On peut aussi imaginer que l’un des coureurs se souvient de situations chaudes pour se donner du courage.
Ce court métrage se distingue donc par son absence totale de dialogues et un aspect coquin aussi surprenant qu’astucieusement mis en scène. Enfin, ce qui ne gâche rien, il incite à la réflexion, puisque les situations remarquables prêtent si bien à interprétation que chaque spectateur–spectatrice pourra se faire sa propre opinion.
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Créée
le 27 févr. 2024
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