Si tu penses que le geek est forcément petit, moche, boutonneux, timide, autiste, crétin, coiffé de cheveux gras, collectionneur, porteur de culs de bouteilles, vissé sur son PC à bouffer de la pizza molle et, fin du fin, puceau, Cyprien est fait pour toi. Il te fera rire aux éclats, d'un rire facile et méchant, de celui qui se manifeste dans les écoles primaires à l'heure de la récré et qui s'exprime envers les enfants différents. Il te confortera enfin dans l'idée qu'il y a forcément pire que toi dans ce bas monde, ouf !
Parce qu'il est consternant dans la représentation de ses personnages, soit pathétiques, soit abjects, et qu'il enfile les clichés les plus honteux comme le bijoutier les perles d'un collier, Cyprien creuse si profond dans la fange qu'il a des chances de devenir millionnaire car il aura à coup sûr trouvé du pétrole.
Cyprien croit qu'un bon scénario - ou un scénario tout court - est inutile, qu'il suffit d'un personnage pathétique issu d'un sketch qui l'est tout autant, pour faire un film.
Mais Cyprien, c'est avant tout une forme de néant, la matérialisation d'un trou noir d'antimatière qui aspire de manière vorace toute expression d'un quelconque talent ou du bon goût qui passe à sa portée.
Ce film hautement hypocrite, cynique et démago est une épreuve, un calvaire pour son spectateur, un doigt d'honneur à lui adressé. Il est à la comédie française ce qu'un furoncle bien mûr est au visage d'un top model juste avant une séance photo : rempli de pus, embarrassant et disgracieux.