Je vais être honnête, je l'ai pas vu, juste des extraits, plusieurs, mais je refuse de payer pour le voir.
J'attendrai de le voir à la TV et si je me suis trompé je m'excuserai platement.
Mais je n'y crois guère.
Pourquoi ?
Parce qu'on touche la les limites de tout ce qui fait une adaptation.
Un meurtre n'est pas une adaptation de l'état de vie, désolé.
Adapter une oeuvre ce n'est pas retirer tout ce qui fait son essence, pour la nourrir d'un joyeux portnawak.
Cyrano, d'Edmond Rostand est une des plus fabuleuses pièces du répertoire Français, sa réalisation a été un chemin de croix, et le soir de la première toute l'équipe se pensait ruinée et perdue.
Le triomphe de la première qui en est résulté (plus de 40 rappels pendant plusieurs heures) est devenu mythique et fut tel que la grande Sarah Bernhardt a - dit-on - quitté sa propre représentation théâtrale pour y assister.
Pourquoi, parce que pressé de dettes, en panne de temps, incapable d'avancer son écriture Rostand a su trouver de façon miraculeuse l'essentiel qui fait bouger les âmes ; amour courtois, noblesse de sentiments, fureurs, esprit et panache.
Et respect de la différence, mais si mais si... c'est l'essentiel de la pièce.
Sa pièce est parfaite, touchée par la grâce, tel le Roméo et Juliette de Shakespeare.
Cela arrive combien de fois par siècle ?
Une fois ou deux, à peine.
Rappeneau avait su capter avec un immense acteur (notre gégé national) cet esprit Francais, et le film de 1995 est absolument parfait - la scène ou Depardieu recite à la fin du film le texte d'une lettre à anne Brochet que l'obscurité ne lui permet pas de lire me tire des larmes à chaque fois tellement c'est parfait (le clair obscur de la scène est incroyable, je n'ai jamais revu filmer une pénombre de la sorte - je pense immanquablement à la pieta de michel-ange tellement c'est puissant).
C'est une pièce qui exprime tant de choses qu'il faudrait une thèse, et des centaines de pages, la première étant évidemment celle de la difformité du nez de cyrano noble (ou pas il y a débat) affligé d'une protubérance nasale qui lui fait penser que l'amour de Roxane lui sera toujours interdit, le réfugiant malgré lui dans la flamboyance et le fameux panache - son quasi dernier mot dans la pièce ("quelque chose que j'emporte sans un pli sans une tache...mon panache").
C'est la qu'un personnage moderne (une religion plutôt) entre en scène, le wokisme.
Je sais de nos jours c'est pas bien de le dire, mais désolé c'est mon billet.
Sa croyance ; rien de ce qui est classique n'est bon, tout est à déconstruire.
Son obsession, l'inclusivité, au prix de multiples anachronismes.
Sa méthode, le gloubi-boulga, avec gâteau de restes au dessert, ou l'essentiel c'est d'être du coté du bien et du convenable tel qu'on le pense en 2022 ; le fait que cette conception du bien change avec les siècles lui est incompréhensible, il est né avec le bien in utero.
Le film de Joe Wright réussi l'exploit de combiner tous ces concepts, en foulant du pied la moindre logique historique, la moindre cohérence, au motif que c'est une "relecture" au service du bien.
Il y a plus de crédibilité, cette fameuse "altération volontaire de la crédulité" dans la "vie de Brian" des Monty Python que dans ce truc.
Cyrano est donc ici un nain - pardon en novlangue woke "une personne à verticalité contrariée" - ce qui rend incompréhensible l'idée que le Cyrano - voir la différence avec le Cyrano de Rappeneau - puisse se battre et occire les sbires de De Guiche par dizaines, ou partir à la Guerre (l'Espagne a bien changé cela dit)
Le nez de cynarno est tout petit et charmant, bon courage pour la tirade du nez.
Christian de Neuvillette était un personnage réel, qui épousera la cousine de Cyrano, et il était baron ; il est ici interprété par un acteur noir qui joue un baron ce qui est un non sens historique ; on est plus dans l'anachronise mais dans la réécriture de l'histoire, ce qui est tout sauf normal -(même débat désormais récurrent - donc pas neutre - d'ailleurs sur la saison 1 de vikings valhalla, ou la mini-série anglaise sur anne Boylen).
Et le plus affligeant c'est le coté Bollywood de l'ensemble, transformer une pièce qui se suffit amplement à elle-même en passages musicaux (ca j'en ai vu des extraits) est consternant, il n'y a pas d'autres mots.
Des passages musicaux dans Cyrano....les bras m'en tombent.
Pourquoi pas des sabres lasers ?
On a inventé un néologisme, la "génance", pour exprimer le malaise ressenti devant un truc, la les quelques minutes regardées me font fuir à tire d'ailes.
Je sais que je vais me prendre une volée de bois vert, être accusé de racisme (faux), ou de discours anti handicapé (faux aussi) mais outre que je m'en cogne, la on touche vraiment le fond.
a noter qu'on doit à peter dinklague dans sa croisade woke le remake en live action de blanche neige (pardon "cisgenre non binaire de la couleur neutre de l'eau glacée qui tombe du ciel" ) et les 7 nains, qui supprimera les nains au nom du "respect" et du "progressisme" et qui deviendront 7 "créatures magiques". Celui la je l'attend de pied ferme
Qui avait besoin de détruire une œuvre aussi parfaite au nom d'une idéologie folle qui ravage hollywood actuellement, et que les wokes essayent d'importer à tout prix ?
Que le producteur Français ose sortir un truc pareil en France, patrie de Edmond Rostand est au-delà de ma compréhension de l'opportunisme bienveillant et inclusif qui, c'est bien évident puisque les wokes en sont persuadés, sauvera l'humanité en nous rendant gentils et respectueux.
Monde de dingues, devenus fous de leur idéologie "bienveillante".