Le roi des cons
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Film adapté de la pièce de théatre d’Edmond Rostand, Jean Paul Rappeneau prend pas mal de liberté avec le texte éludant des passages trop obscurs (l’écriture date de 1897) ou remaniant certains vers par soucis de compréhension, et aussi de la liberté dans les lieux et l’action.
Voilà un vrai travail d’adaptation, l’unité de lieu et l’action dans un espace limité propre au théatre est complétement absent. On a affaire à un film de cinéma. Même si la mise en scène n’est pas extravagante et à des défauts inhérents à son budget (les scènes de batailles sont un peu pauvres), Rappeneau insuffle une vrai personnalité. Pour l’anecdote, au début l’enfant regardant d’admiration Cyrano n’est autre qu’une image de Rappeneau lui-même. En effet ce personnage est absent de la pièce mais Rappeneau a voulu l’intégrer se souvenant enfant de la decouverte de la pièce et du personnage principal volubile.
Et en parlant du personnage principal, je ne cesserais jamais d’être étonné par Gerard Depardieu. Quel aisance. Il déclame ces alexandrins avec un tel naturel à faire palir les autres acteurs qui sont pour certains issues du théatre. D’ailleurs Jean Paul Rappeneau disait que lors des répétitions Depardieu avait du mal à trouver ses marques face aux acteurs de théatre et le rapport c’est totalement inversé en tournage c’est Depardieu qui donnait la cadence de part sa physicalité.
Le fait que le film soit déclamé en alexandrins aurait pu être indisgeste mais de par la mobilité de la mise en scène (nous sommes loin du théatre filmé), la beauté de la reconstitution et de la fraicheur des acteurs, on est embarqué dans l’histoire, on se surprend à sourire notamment pendant la fameuse tirade du nez, l’énergie que Depardieu deploie lors de cette scène emporte mon adhésion total. Morceaux choisis :
En variant le ton, – par exemple, tenez :
Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez,
Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse ! »
Amical : « Mais il doit tremper dans votre tasse
Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »
Descriptif : « C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap !
Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! »
Le cinema français c’est bien. Si! Si! Je vous assure /20
Créée
le 24 nov. 2020
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