Gitans de l’innocence.
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A vrai dire, je ne sais par où commencer. Tant ce film m'a surpris. Je connaissais la réputation de Kusturica de faire des films un peu bordélique, bruyants, burlesque. Mais je ne m'attendais pas à tant de cohérence et d'émotions. Je me suis complétement laissé embarquer par l'ambiance, l'histoire, le peuple tzigane ayant pourtant un mode de vie aux antipodes du notre. Ce désordre colle parfaitement avec l'exubérance de ce peuple. La forme et le fond sont en symbiose parfaite.
Et pour ce qui est de la forme, Kusturica invoque le symbolisme. L'exemple le plus évident est le dindon représentant le parcours de Perhan voire même l'anticipation de son destin, ou le passage iconique de la saint George où la mise en scène oscille entre le rêve et la réalité. Et on retrouve ce symbolisme jusque dans la musique composé par Goran Bregovic (le thème Ederlezi est magnifique et chargé émotionnellement) qui est toujours le contrepoint de l'action. Cest pour ça que je parlais de cohérence, rien n’est hasardeux. Et la capacité de création du réalisateur est tel qu’il arrive à introduire en plus de cette maitrise formelle quelques hommages; parfois à travers les personnages comme Chaplin ou Bruce Lee parfois à travers la mise en scène avec Tarkovski ou Buñuel entre autres.
Des personnages, on retient surtout que la majorité des acteurs sont non professionnels. Et mise à part quelques-uns, l’ensemble des prestations sont très bonnes. La grand-mère tzigane est incroyable de naturel. Si bien qu’on se prend d’empathie envers ce peuple pourtant si loin des coutumes occidentales. Une autre raison est que le destin du héros empreinte largement à la tragédie grecque. L’innocence perdue à cause du désir de réussir par amour.
Kusturica a dit dans une interview qu’il n’était pas un Filmmaker (un faiseur de film), il se voyait plus comme un createur de film. La différence est mince mais tant son œuvre est à la fois burlesque, fantastique, onirique, joyeuse, drole et de l’ordre de la tragédie, je comprends ce qu’il a voulu dire. Il invoque la création comme la somme d’expérience, de Culture et d’émotions loin de tout procédé mécaniques. Un artiste rare, un film rare. Un chef d’œuvre formel et émotionnel.
Le temps des émotions /20
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Créée
le 11 nov. 2020
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