Commençons par mettre les choses au clair. Cyrus n'est pas la comédie que la bande annonce essaye de nous vendre à grand renfort de gags. D'ailleurs, le film n'est pas vraiment drôle et s'oriente plutôt vers la comédie dramatique. On va y suivre deux adultes, la quarantaine bien tassée, célibataires tous les deux et qui vont entamer une jolie romance jusqu'à ce que John découvre que Molly a un fils, le fameux Cyrus.
Mais Cyrus se révèlera être un bien étrange personnage, souffrant manifestement du complexe d'Oedipe. Il a vraiment une relation particulière avec sa mère : on se rend vite compte qu'il la manipule, profite de sa situation, la domine psychologiquement parlant. Certaines scènes laisseront d'ailleurs un arrière gout assez incestueux et bien désagréable.
Face à lui, un John C. Reilly suffisamment amoureux pour ne pas se laisser faire. Le personnage ne semble pas une force de la nature mais il fera ce qu'il peut pour faire durer son histoire malgré les manipulations du gamin (qui n'en est plus un, plutôt un « Tanguy »).
L'histoire est intéressante, renforcée par le jeu de ses acteurs principaux. Mention particulière à Marisa Tomei qui préfère désormais s'offrir de vrais rôles correspondant à son âge ici comme dans The Wrestler. Mais le film, se voulant un peu une comédie douce amère se cherche trop : oscillant entre la drôlerie, surtout au début, les moments intenses et dramatiques et la comédie romantique. Un plan de Cyrus tenant un couteau en main sort d'ailleurs de n'importe où et nous rappelle que les réalisateurs ne savent pas trop sur quel pied danser
Parlons-en, des réalisateurs ! Si Jay et Mark Duplass n'en sont pas à leur premier long métrage, c'est ici leur réalisation la plus grand public, les précédentes ayant galérées, comme pour beaucoup de cinéastes débutants, en festival. Les deux frères ont beaucoup vu Serenity de Joss Whedon, et un peu Avatar de James Cameron. Dans ces deux films, les réalisateurs de science-fiction utilisent plus ou moins souvent l'utilisation du zoom rapide (surtout Whedon, dans les scènes spatiales). Si ça passe bien quand on filme un vaisseau volant, ça ne passe absolument pas quand on filme des gens chez eux. Et pourtant, ils abuseront pendant tout le film de zooms rapides avant et arrières, de caméras portées, et donneront plutôt l'impression qu'on visionne un film de vacances qu'un vrai film de cinéma. Un calvaire !
Cyrus n'en reste pas moins une jolie histoire à découvrir, servie par un casting impeccable et qui parlera surement aux plus âgés de mes lecteurs.