Angelina Jolie revient pour traiter des crimes perpétrés par les Khmers Rouges au Cambodge, à partir du récit autobiographique d’une des survivantes, Loung Ung, aujourd’hui activiste. Les effroyables années 1975-1979 où plus de deux millions de personnes, ont été massacrés, sous le gouvernement dictatorial de Pol Pot.
La cinéaste, ambassadrice de l’ONU, est une femme engagée et qui plus est, brillante. Elle semble avoir un penchant pour les films de guerre et s’attache encore ici à la dénonciation de son absurdité, comme pour son premier métrage, Au pays de sang et de miel qui traitait du conflit bosniaque, ou son second film, Invincible, sur la seconde guerre mondiale et la destinée d'un grand sportif, prisonnier des japonnais (nettement plus romancé !).
Une histoire filmée à hauteur d’enfant, c’est aussi avec la perception dénaturée et fantasmée de notre petite héroïne que la réalisatrice nous contera l’horreur. Ce film n’aura pas la même force évocatrice du film de Roland Joffé, La déchirure, c’est indéniable.
La survie vue par les yeux d’une enfant, et les quelques 18 mois qu’elle aura vécus, entre la perte d’êtres chers, son travail dans les camps, sa rééducation (mentale), et qui rappelle évidemment à l’actualité et à tous ces enfants soldats de part le monde. Avant que le Viêt Nam n’intervienne et que quelques 300000 personnes en profitent pour se réfugier auprès des forces Vietnamiennes.
On constate comme dans ses deux précédents films traitant du sujet, des défauts de rythme, et une volonté d’assurer certaines envolées poétiques, tout en la parsemant d’images chocs pour une certaine crédibilité, et la cinéaste réussit à maintenir l’attention sans pour autant verser dans l’excès. Mais de part ce parti-pris de l’enfance, l’intrigue semblera édulcorée à la manière d’un conte (macabre), et passera sous silence des points d’histoire nécessaires à une meilleure compréhension et à une plus grande force narrative. Le point faible des scénarios d’ailleurs, chez Angélina Jolie où on constate encore quelques contradictions et un manque de lisibilité. L’émotion peine par instants mais les acteurs non professionnels sont justes, et surtout, la maîtrise technique s’affirme, de beaux mouvements de caméra, ponctuant son intrigue de belles images oniriques, nous emmenant dans l’esprit de cette jeune enfant, se remémorant ses souvenirs heureux ou plus sombre, devinant la mort à venir par des rêves éveillés.
A conseiller pour ceux qui suivent la carrière de l'actrice/réalisatrice et qui a le mérite de rappeler à la mémoire.