Une grande fille toute simple
Qui ne se souvient avoir entendu au moins une fois dans sa vie cette phrase prononcée par des parents inquiets pour l'avenir d'une progéniture inconsciente et irresponsable à leur goût: "Tu ne pourras pas toujours vivre d'amour et d'eau fraîche!"
Le plaisir, l'insouciance, la légèreté que la jeunesse décline avec enthousiasme doivent-ils donc être sacrifiés sur l'autel du travail dans une société où le chômage a force de loi ?
L'héroïne, Julie Bataille, un nom qui n'a pas été choisi au hasard, c'est Anaïs Demoustier découverte dans Les grandes personnes où déjà très juste, elle donnait la réplique à son "père" J.P.Darroussin, elle campe ici, de façon étonnamment vraie et naturelle, une fille de 23 ans, bien dans ses baskets, vive, intelligente, qui avec son bac +5 ne peut que croire en l'avenir.
Mais c'est la désillusion pour cette débutante, pur produit de la classe moyenne et qui croit pourtant aux vertus du travail.
Entre amants de passage et petits boulots humiliants où elle est exploitée sans vergogne par des cadres parisiens branchés, la jeune fille comprend alors qu'il faut se soumettre ou se démettre.
Et c'est la rencontre, lors d'un entretien d'embauche : Ben, Pio Marmaï spontané et touchant, est gai, un peu fou, borderline, mais il l'entraîne dans ses rêves ses délires et ses trafics, pour le meilleur et pour le pire.
Alors ? La question est posée : Vivre d'amour et d'eau fraîche ou rentrer dans le rang et s'intégrer en dépit des galères et des humiliations ?
La peinture fine du monde du travail et d'une société qui n'épargne pas sa jeunesse la forçant à renoncer à ses rêves : un film réussi et le portrait juste et vrai d'une fille actuelle.