A l'occasion des 50 ans de sa société de production, Claude Lelouch s'est offert ce petit plaisir, narcissique, de revenir sur l'ensemble de ses films, et plusieurs films qu'il a produits comme "Molière" (Ariane Mnouchkine).
Démarrant par le petit court-métrage absolument ébouriffant, nommé "C'était un rendez-vous" (8 minutes sur une traversée de Paris en voiture, sans faire fi des règles de sécurité), Lelouch commente les étapes de sa vie, ce qui l'a amené à devenir réalisateur, les succès, les échecs, et la gloire qui lui tombera dessus pour "Un homme et une femme".
Ornée de métaphores dont lui seul a le secret, son apparente mausolée à sa gloire n'est en fait qu'une longue autocritique, où il ne comprend pas pourquoi son public l'a peu à peu abandonné depuis les années 2000, ce qu'il a fait pour mériter le sort des critiques à le descendre constamment (notamment les Cahiers du cinéma), où il comprend l'échec de certains films (comme Un homme et une femme, 20 ans déjà ou a nous deux).
Le film n'est qu'un patchwork de toute son œuvre, où l'on (re)découvre de superbes extraits et la preuve irréfutable qu'il est un formidable directeur d'acteurs (il suffit de voir comment il a dirigé Lino Ventura, Annie Girardot, Charles Denner, Anouk Aimée... et la liste est longue), et un amour fou pour le cinéma. Plus qu'une manne financière (qu'il aura dilapidée à force d'échecs), filmer est synonyme de respiration pour lui ; il est rare de ressentir, y compris chez les jeunes réalisateurs, une telle envie de filmer, de se sentir proche de ses acteurs, et le documentaire le restitue très bien, avec des scènes où sont diluées ses fameux instants de vérité, ceux où l'improvisation est plus forte que le texte.
Comme je l'ai déjà dit dans d'autres critiques de ses films, je suis loin d'être un supporter invétéré de Lelouch ; en général, je suis plus amateur de ses histoires dites intimistes (Le voyou, La bonne année, Un homme et une femme, Roman de gare), que ses grandes fresques boursouflées, mais si je lui reconnais une grande qualité, c'est cet amour du cinéma qu'il sait nous faire communiquer.
Les extraits du documentaire sont plutôt bien choisis, avec des making-of, des archives, et une très émouvante vidéo où l'on voit Patrick Dewaere s'entrainer à son rôle pour Edith et Marcel, à quelques heures seulement de son suicide. Quel gâchis....
Film-bilan d'un demi-sciècle de cinéma, D'un film à l'autre est vraiment recommandé à ceux qui veulent découvrir le meilleur du cinéma de Lelouch, cette passion indéfectible qui semble l'animer, et rien que ça, merci.