Lives matter
Le réalisateur Spike Lee est sans doute la première personne qui nous vient à l'esprit lorsque l'on parle d'engagement du monde du septième art dans l'émancipation des afro-américains et la lutte...
le 16 juin 2020
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Deux Ans après le remarqué BlacKkKlansmann, Spike Lee récidive, cette fois aidé par Netflix pour nous offrir une aventure dans la jungle Vietnamienne où 4 Vétérans Afro-Américains viennent récupérer un magot disparu dans les années 60 ainsi que la dépouille de leur frère d'arme mort au combat...
Une prémisse plutôt alléchante, qui prend d'autant plus de sens que le Film sort en pleine vague mondiale de protestation anti-raciste; Coup de bol pour Netflix.
Le Sujet est accrocheur, l'histoire promet une intéressante épopée, et pourtant, après 5 minutes de film tout tombe à plat. Même le talent des acteurs pourtant respectés à défaut d'avoir le statut de Star (à part Chadwick Boseman) ne peuvent sauver notre cher Spike de son propre naufrage.
Entre hommage poussif au Apocalypse Now de Coppola, Viêt-Nam de carte postale, et argumentation outrancière, le réalisateur (re-)tombe dans les travers qui l'ont perdu. Le scénario prometteur même si d'une originalité discutable (Kelly's Heroes / Three Kings) s'avère d'une paresse déroutante et souffre d'un manque véritable de crédibilité quant au casting de certains personnages (Tièn, elle avait 8 ans quand elle a rencontré Otis?! On a très souvent l'impression que le scénario a été écrit dans les années 90). La moindre surprise provient des fautes d'écritures (flagrantes) et le reste est convenu, les clichés mis en place s'enchaînent par une routine déconcertante, des ficelles ré-utilisables à foison (les mines!) et la moindre séquence possiblement réussie se retrouve gâchée par des artifices grossiers mis en scène par un Spike Lee qui nous semble paumé.
Parce que Spike Lee semble perdu du début à la fin; nous connaissons tous son éternel message, très noble soit dit en passant, mais le bougre n'a semble t-il aucune envie de faire ce film et c'est bien dommage. Car des idées de mise en scène un poil audacieuses, il en a; comme le parti pris de nous faire flashback en 16mm, en prenant les acteurs vieux jouant les jeunes comme si de rien (ça sent le de-aging impossible en post-prod ou faute de budget, mais pas grave)...ça déroute en premier lieu, mais on voit ce qu'il veut dire, et on l'accepte. malheureusement, à aucun moment il n'en tire parti et salope tout ça en filmant comme un con un guet-apens foireux contre des G.I. un poil incompétents (ce crash d'hélico au début...sérieusement?!?). Le tout saupoudré d'images d'archives, elles aussi en 16mm, mais qui pourrait donner un unité à l'ensemble. Et pourtant, même sur une conversation entre vieux roublards, il ne semble même pas savoir où poser sa caméra, explosant les axes sans raison apparente, alors que la discussion aurait pu offrir un TRES beau moment de Cinéma; en résulte un foutoir indigeste qui va durer 150 minutes.
Dans tout ça, vous avez aussi un directeur de la photographie qui ne sait trop quoi faire, avec des partis pris divers, variés mais peu cohérents (Newton Thomas Sigel qui n'est pourtant pas un incapable). Un séquence de campement au coin du feu, éclairée par une pleine lune....en plein JUNGLE, pour quelques séquences plus tard, se la jouer nuit américaine bien cheap, pour une longue séquence de retournement de situations convenus et maladroits où nos acteurs semblent perdre un peu pied.
Heureusement, ces acteurs se donnent jusqu'au bout, Clarke Peters est excellent (comme d'hab'), tout comme Isiah Whitlock Jr., dont on attend le gimmick avec impatience tout le film durant; Delroy Lindo qui se retrouve avec la tache la plus difficile, s'en sort très bien. Ajoutez un Melanie Thierry charmante à laquelle on ôte un Jean Reno au pire de sa forme!!! Chadwick Boseman dans tout ça...bah...il est très moyen. Et ils en ont bien du courage...parce que traverser la jungle avec la partition poussive et ostentatoire de Terence Blanchard dans les oreilles...il fallait être résistant.
Spike Lee plante son film de manière royale, soulignant, surlignant son sujet, en venant à prendre son spectateur pour un enfant de 8 ans en cours d'histoire; il en perd sa narration à force de sur-exposer son propos. C'est bien dommage, car Da 5 Bloods aurait pu être une vraie belle histoire aussi touchante qu'importante...on va se retrouver avec une récupération politique et un succès d'estime pas mérité pour Netflix, qui ferait mieux d'engager de vrais producteurs pour chapeauter leurs films.
Créée
le 13 juin 2020
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