Lives matter
Le réalisateur Spike Lee est sans doute la première personne qui nous vient à l'esprit lorsque l'on parle d'engagement du monde du septième art dans l'émancipation des afro-américains et la lutte...
le 16 juin 2020
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Dès les premières secondes de Da 5 Bloods : Frères de Sang, avec ses images d'archives hors sujet, Spike Lee nous rappelle qu'il n'est plus un cinéaste, mais une caricature aigrie politisée bloquée sur sa marotte raciale en mode rabâchage, comme un vieux con en pleine crise d'Alzheimer.
Dès les premières secondes, le soi-disant message du film sera donc ethno-centré, en rappelant les souffrances de sa communauté.
Et le spectateur de se rappeler amèrement que Spike Lee, depuis vingt ans, ne s'illustre plus que dans la vindicte et la polémique agressive, en donnant bien volontiers ses petites leçons de civisme et en crachant sa bile sur ceux qu'il identifie comme ne faisant pas honneur à sa cause.
Il n'y a qu'à se rappeler sa crise de caca-boudin lamentable lors du couronnement de Green Book aux Oscar, digne de l'attitude d'un gamin de cinq ans tête à claques, alors qu'il se voyait sans doute déjà lauréat du prix du meilleur film.
Ou encore les polémiques vaines qu'il lançait après Django Unchained. Ou enfin les insultes et les insinuations douteuses lancées vers Clint Eastwood à la sortie de son diptyque sur Iwo Jima... Alors qu'il était en promotion de son propre film de guerre, Miracle à Santa Anna, qui n'aura à aucun moment connu le même succès...
Il est dommage de se souvenir Spike Lee comme un jaloux, un aigri, un petit donneur de leçons dérisoire qui désirerait que les histoires impliquant des noirs ne puissent être portées à l'écran que par des frères, lui qui, à l'inverse, a livré un des plus beaux portraits urbains post 11 septembre (La 25ème Heure), ou encore un film de casse racé, malin et énergique (Inside Man : L'Homme de l'Intérieur).
Mais il est loin, ce temps là...
On allait donc voir ce qu'on allait voir avec Da 5 Bloods. On allait voir comment Spike Lee, le seul légitime, allait la raconter, lui, l'histoire de sa communauté et servir son propos militant. Avec son pitch post Vietnam laissant dessiner un retour aux sources mémoriel, une quête de l'esprit de l'absent, du frère charismatique tombé pour assurer la domination américaine.
Ce sera cet aspect qui, sans mauvais jeu de mots, apportera quelques couleurs au film, portant la scène la plus émouvante de l'oeuvre.
Mais il est dommage que cette ligne narrative très maigre soit noyée dans plus de deux heures trente de marasme, où le film n'avance qu'à pas mesurés, et où il faut surtout attendre une heure avant qu'il ne se passe quelque chose. Car l'entame de Da 5 Bloods, n'en déplaise aux aspirations de Spike Lee, ressemble plus à un voyage organisé pour vieux retraités blancs friqués qu'à la fresque hommage dont il prétend pourtant porter haut l'étendard.
Pour le reste, pas grand chose ne retient l'attention. Car l'intrigue de la recherche du corps du frère d'arme disparu est noyée par une histoire de lingots à retrouver et à échanger. Car le film croule sous des personnages pièces rapportés inutiles ou portés à l'écran au chausse-pied. Quant au groupe de vétérans, aucun ne suscite l'empathie. Aucun fait que l'on pourrait s'attacher à lui. D'autant plus qu'ils sont écrits à la truelle, à l'image du leader du groupe, dont les sautes d'humeur sont plus envisagées par la gratuité du scénario que par un souci d'évolution émotionnelle.
A l'image du film dans son entier finalement, dont chaque noeud narratif s'articule mal ou est basé sur une coïncidence énorme et / ou une réaction what the fuck d'un des personnages.
Le tout entrecoupé d'images de pauses sur des personnalités qui ont fait grand bien à la communauté, comme dans un programme éducatif citoyen proposé sur le service public et, bien sûr, de saillies anti Trump qui ont de quoi laisser interdit par leur lourdeur. A coup sûr donc que Da 5 Bloods aurait fait se pâmer les pingouins mondains de Cannes, tant le geste pseudo politique est manifeste et courageux...
Sauf qu'il ne reste pas grand chose après les deux heures trente de projection, à part un ennui poli devant un film finalement assez plat qui semble avoir échappé lui-même des mains de son réalisateur.
Mais à la réflexion, il reste une image à la hauteur de ce que fut Spike Lee : cette séquence radiophonique annonçant la mort du pasteur King et dessinant, en parallèle, les émeutes raciales aux Etats-Unis alors que les frères se débattent dans le bourbier vietnamien. C'est peu. En tout cas bien trop peu au regard des prétentions communautaires de Spike Lee, qui, par ailleurs, n'en est plus à une contradiction près quand il s'agit de vendre sa soupe. En effet, ravi que Paris se soulève contre les violences policières racistes, disant que la ville est formidable, il n'hésite cependant pas à faire dire au vilain français de service, une casquette Trump vissée sur la tête, que « l'on accorde trop d'importance à la peau noire »...
Mais on n'est plus à ça près, j'imagine...
Behind_La guerre du Vietnam est finie_the Mask.
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le 17 juin 2020
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