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En cette période de tension avec le mouvement BlackLivesMatter, un film semble débarquer au moment opportun : Da 5 Bloods.


Disponible sur Netflix, le dernier-né de Spike Lee s’inscrit dans un contexte bien particulier. Le mouvement actuel lutte contre les violences policières et contre le racisme, tandis que Da 5 Bloods tente de s’incruster dans ce mouvement afin d’entrer en cohésion avec les revendications d’hier et celles d’aujourd’hui.



Spike lee vs Trump



On ne présente plus Spike Lee, le cinéaste militant qui retranscrit la cause noire dans ses productions, souvent en reprenant de tristes moments historiques. Porteur d’actions nobles, Spike Lee a pourtant tendance à ne pas discerner les nuances des conflits qu’il dépeint à l’écran. Dans ses films, il scinde souvent le monde en deux camps, décrète le camp du bien puis le camp du mal, et s’arrange pour grossir les traits. C’est dans cette volonté bancale plus qu’habituelle que Spike Lee commence son film en centrant l’attention sur les violences de l’Histoire Américaine tout en faisant le rapprochement avec les conditions du pays d’aujourd’hui. Sans surprise, Spike Lee s’attaque d’abord à l’actuel locataire de la maison blanche qu’il ne porte guère dans son cœur, et s’engagera d’ailleurs à lui envoyer des allusions tout au long du film. Seconde ouverture avec une combinaison poussive d’une citation de Mohamed Ali et d’images fortes en symbole de Malcolm X et de Martin Luther King.


Le ton est donné. A l’instar de Blackkklansman, Spike Lee charcute un moment historique triste et grave de l’Histoire de l’Amérique afin de s’en servir comme une sorte d’instrument de vengeance. On ne peut pas s’attendre à de la nuance avec un Spike Lee qui ne saisit aucune thématique de manière claire, si ce n’est reprendre un morceau de l’Histoire pour pousser son coup de gueule habituel. Spike Lee reste acerbe à l’encontre de Donald Trump, élabore des situations mélodramatiques inconsistantes, et prend un air grave comme pour inciter à lutter à nouveau. Tous les ingrédients sont réunis pour faire ce que Spike Lee a finalement toujours fait pour ses films : faire un mauvais rapprochement entre l’Amérique d’autrefois et celle d’aujourd’hui de manière presque caricaturale. En guise de preuve, s’il en fallait une, de nombreuses scènes dépeignent le mouvement BlackLivesMatter avec un montage amateur de dernière minute.



Le montage compte



Da 5 Bloods nous replonge durant la guerre du Vietnam avant de nous catapulter 50 ans plus tard en compagnie de vétérans afro-américains de la guerre : Paul (Delroy Lindo), Otis (Clarke Peters), Melvin (Isiah Whitlock) et Eddie (Norm Lewis). L’objectif est de retourner dans l’horreur qu’ils ont traversée afin de rendre un dernier hommage à un ami soldat mort durant cette guerre, Norman (Chadwick Boseman). Un périple audacieux qui aurait pu nous amener à écouter des témoignages réguliers sur l’horreur de cette guerre et les traumatismes qu’elle engendre. Toutefois, le véritable objectif est bien moins honorable puisque le but de ces vétérans est d’aller chercher un butin de lingots d’or caché quelques décennies plus tôt. L’action sera d’ailleurs ironiquement motivée par celle de compenser des siècles de ségrégation raciale.


Quoi qu’il en soit, malgré un sujet qui aurait pu être intéressant le film souffre malheureusement de trop nombreuses lacunes. Commençons par le jeu d’acteur qui est très limite sur de nombreuses scènes et qui n’insuffle aucune réelle émotion particulière. Le fait est que même notre Black Panther vu dans les productions Marvel ne semble pas capable d’incarner un rôle différent et reste en totale roue libre. Un seul personnage offre véritablement une prestation de qualité capable d’éclipser celles de tous ses camarades : Paul incarné par Delroy Lindo. Pour le reste, la réalisation confirme bien que le film n’existe que pour et par une revendication sociétale car ladite réalisation ne dégage aucune volonté artistique. Le fait est que de la part d’un cinéaste comme Spike Lee on pouvait espérer au moins qu’il ne sombrerait pas dans un montage digne d’un amateur. En effet, certaines erreurs sont tout simplement impardonnables dans le sens où le montage semble être expédié et pas du tout vérifié. L’exemple le plus flagrant est cette abondance de faux-raccord dans des faux raccords durant tout le visionnage. Un énième élément qui gâche assurément le film et qui conduit à une mauvaise découpe et à une structure bancale.


Dernier point, pour ce que le film a à raconter étant donné son manque de développement, la durée du film est bien trop longue. Pour 2h35, vous aurez d’énormes longueurs inutiles et des placements de musiques incohérents au point que l’ennui sera malheureusement le sentiment le plus présent durant votre visionnage.



Quand la cause occulte l’art



Pour de nombreuses raisons, Da 5 Bloods veut devenir le porte-étendard du mouvement BlackLivesMatter. Toutefois, le fait est que comme toujours Spike Lee veut délivrer un message fort, mais également comme toujours Spike Lee n’est pas capable de bien l’amener. Particulièrement en ces temps troubles, le film risque fortement d’obtenir un certain succès, mais il sera difficile d’affirmer que ce succès sera légitime.


Da 5 Bloods n’est pas un bon film. Parmi tous les éléments qui font d’un film un bon film, le montage est primordial. Au-delà des revendications mal-amenées, le gros problème du film réside justement dans son montage proche de l’amateurisme. Peut-être est-ce ici une énième preuve que la cause aussi noble soit-elle ne doit pas occulter la volonté artistique.

Death Watch

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