La recette magique du film mystérieux...ou pas.

* note aux apprentis cuisiniers, le chef n'a pas lu le livre *

Prenez le premier livre imprimé, le livre encore le plus lu, le livre aussi, dont on a supprimé les versions qui dérangeaient histoire de nous pondre un dogme qui convenait à ceux qui le prêchaient. Cela vous permettra d'élucubrer à loisir en imaginant ce qui pouvait bien être écrit dans les livres apocryphes.

Prenez un personnage historique des plus mystérieux. Non, allez, deux, tant qu'à faire un ne serait pas assez. Prenez donc celui dont parle cette Bible, ce serait dommage de ne pas construire une histoire là-dessus puisqu'on a le bouquin. Prenez aussi Léonard de Vinci parce qu'il a la classe, que tout le monde le connaît, que tout le monde a ses théories sur ses tableaux, ses esquisses, ses mœurs... Lui aussi pourrait presque avoir ses livres apocryphes, tiens.
Mélangez.
Si vous manquez d'imagination, pas de problème, il y a un livre pour ça, déjà tout écrit pour vous, un livre loin d'être aussi best-seller que celui précédemment cité mais qui a eu ses heures de gloire, sa renommée. Ceux qui ne l'ont pas lu le connaissent aussi. Prenez le titre, surtout. Comme ça, votre film se vendra bien.
Fouettez énergiquement.
Ajoutez un peu de fil blanc, normalement après quelques minutes vous obtenez un scénario accessible à tous.

Pour les décors, prenez Paris, ça fait toujours rêver le public américain. Les français – chauvins par essence – seront ravis de voir leur Louvre chéri.
Salez, poivrez.
Pour les clichés, prenez une smart, des rues pavées, un contrôleur aérien qui ne veut pas répondre parce qu'il est en pause.
Incorporez délicatement.
Réservez.

Prenez ensuite un Gandalf et son air gentil pour donner confiance au public. Ajoutez Forrest Gump, toujours prêt à faire confiance au premier venu sans se poser de questions.
Pour le folklore et pour faire plus vrai, prenez des acteurs français pour jouer les français. Ils seront moins chers et ça fera crédible. Pour être sûr que le public sache qu'ils sont français, au cas où ils ne reconnaîtraient pas cette langue que personne n'apprend dans notre pays, prenez Jean Reno, tout le monde sait qui il est. Et cette fille, là, dans le film qui donne une image tellement vraie de ce qu'est la France – au moins dans notre esprit – oui, voilà, Amélie Poulain.
Ajoutez aussi un blond en bure à l'accent improbable pour le mystère, un tas de gens qui ne servent à rien et dont on ne saura pas trop ce qu'ils font là mais si on ne les met pas ça risque de manquer d'épices.
Emincez, faites dorer 5 minutes à la poêle, verser dans la première préparation. Mélangez encore un coup.

Faites cuire 2h20 à 180°C. En milieu de cuisson, ajoutez quelques symboles et anecdotes historiques qui ne manqueront pas de garantir votre succès.
Sortez du four. Démoulez. Servez tiède.

Normalement, ça se vend très bien. Au moins le nom devrait attirer les foules.

Si c'est fade, cela manquait probablement d'épices.
Ou vous n'avez pas mis les bonnes. Certaines épices ne vont pas partout. Surtout les exotiques. Ces épices françaises, ça ne se mélange pas avec tout.
Ou vos fils blancs étaient trop gros, ça laisse une impression assez désagréable en bouche, quand c'est trop gros.
Ou il y avait quelques grumeaux, vous n'avez pas suffisamment mélangé, les ingrédients flottaient là, séparément, sans se mêler de façon hamonieuse.

L'important c'est qu'il ait été mangé, votre film mystérieux. On n'en reprendra pas, il faudra jeter les restes, mais bon, on a réussi à le manger. Ca n'était pas si mauvais, alors. Si ?

Attendez quelques années.
Refaites la recette.
Ca marchera peut-être mieux la deuxième fois.
Nomenale
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le 16 sept. 2013

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Nomenale

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