Quentin Dupieux a toujours traité avec style et brio notre perception de la réalité et des rêves et ce Daaaaaali ! ne déroge pas à la règle.
Judith, ancienne pharmacienne reconvertie en journaliste a pour rêve d'interviewer le GRAND GÉNIE Salvador Dali mais à chaque occasions de se rencontrer ce dernier trouve toujours le moyen de se barrer.
Malgré sa durée extrêmement courte (1h18), le film arrive à construire un récit captivant et un univers atypique et propre à lui, en effet j'ai beaucoup apprécié cette galerie de personnages complètement fous et cons nourrissant l'identité graphique du film fortement inspiré du surréalisme de Dali bien sur, avec cette colorimétrie propre à Dupieux (dont j'ai jamais été un grand fan mais bon...).
Le film divague entre réalité et rêves de manière assez subtile avec une incompréhension croissante et une narration totalement mindfuck (surtout à la fin) que j'ai personnellement apprécié, en effet Dupieux joue avec le temps et notre perception de la réalité en y ajoutant un humour très absurde (des réfs aux Monty Python par ci par là) et une aura mystérieuse quasi lynchienne par certains moment.
La manière identique de filmer les rêves et la réalité contribue à nous faire perdre pieds dans le développement du récit (j'avoue que j'ai péter mon crâne à un moment parce que je comprenais plus rien au film), le rêve est donc utilisé comme un running gag et le temps est déconstruit à la manière d'un tableau de Dali.
Il y a par moment quelques longueurs surtout lors des séquences oniriques (peut être voulu par le réal pour appuyer la vacuité du temps reprit sur l'oeuvre de Dali) et quelques vannes un peu lourdes mais dans l'ensemble l'humour visuel de Dupieux a bien marché sur moi (la prothèse chapeau bite de Jerome Niel et la première scène dans le couloir sont hilarantes).
Le personnage de Dali est très bien caricaturé montrant toute l'excentricité et l'égocentrisme du type (sublimé par le génie d'Edouard Baer), et laisse place à une sorte de mysticisme autour du personnage notamment avec le changement d'acteur bien sur, qui fait la particularité du film, incarnant plus Dali comme l'image fantasmée d'un personnage mythique ayant marqué une génération aux multiples facettes et traits qu'à un réel personnage de narration classique.
Le film est un gigantesque tour de magie qui alterne subtilement humour et idées visuelles intéressantes avec néanmoins quelques longueurs et la rare apparition de Pio Marmai que j'aurai aimé voir plus souvent...
6.5/10