*********** PAS DE SPOILERS ICI BAS *****************
Accroche : Une journaliste cherche à faire l'interview du peintre surréaliste Dali mais la personnalité excentrique de celui-ci ne rend pas la chose facile.
Sexymètre : rien à signaler
Violencomètre : rien à signaler
Bechdel test (test de sexisme : il doit y avoir deux personnages de femmes, nommées, parlant ensemble d'autre chose que d'un homme): c'est raté. Quentin doit encore à ce jour découvrir que les femmes ne sont pas du parmesan que l'on parsème avec parcimonie.
Mon avis :
Ce qu'il y a de bien avec Dupieux c'est que, quand il a de la matière pour 1h18, il fait 1h18 et pas une minute de plus. Il ne délaye pas la mayonnaise. Ce Daaaaaali n'est absolument pas une biographie du maître espagnol. Il s'agit d'un film surréaliste cherchant à saisir un peu de la folie créatrice de l'artiste, à lui rendre un hommage affectueux, à porter à l'écran un peu de son imagerie, notamment en recréant live certains de ses tableaux (ce qui donne lieu à une idée hilarante que je ne divulgâcherai pas ici).
Le début est un peu lent et le scénario s'attarde trop sur le personnage de la journaliste dont on se fiche royalement. Le personnage du producteur est lui aussi discutable. Il ne sert apparemment qu'à mettre en scène l'aspect douloureusement commercial de la production cinématographique, opposé à la liberté artistique. Le film démarre ensuite véritablement après avec une succession de séquences imbriquées absurdes et souvent drôles, bourrées de références à l’œuvre de Dali, mais aussi aux films de Bunuel (autre artiste surréaliste ayant notamment coécrit des films avec Dali). Le film est complètement déstructuré et onirique. N'y cherchez donc pas une histoire cohérente.
Visuellement, c'est réussi, avec notamment une recréation très soignée de la maison de Dali à Cadaquès. Cela m'a fait une impression étrange car cela ressemble terriblement à la vraie mais sans l'être. La réalisation est propre, avec des effets visant à renforcer l'aspect bizarre et hallucinatoire du film. Dali est par exemple interprété par six acteurs différents.
Niveau casting, Didier Flamand et Édouard Baer composent des Dali très réalistes et ont l'air de s'amuser à l'écran. Ils reproduisent soigneusement tout ce qui faisait le pittoresque du personnage public du maître (mimiques, accent...). C'est bien la première fois que j'apprécie une performance d'Édouard Baer d'ailleurs. Les quatre autres Dali sont plus fades, ce qui est impardonnable. L'actrice interprétant Gala en donne également une image saisissante. On peut sentir dans l'écriture le respect et l'affection de Dupieux pour Dali mais celui-ci reste insaisissable dans le film et, au final, on n'aura de lui que la façade extravagante et vaniteuse qu'il s'était construite comme personnage public. Le film ne s'autorise que de rares incursions plus personnelles, que seules les personnes au fait de la biographie du peintre sauront capter (le Dali en fauteuil roulant rappelant l'obsession du peintre pour la mort, la scène avec Gala dans la voiture où est mis en scène le fait qu'elle régente les aspects financiers de son œuvre...).
Le film s'apprécie évidemment mieux si on connait l’œuvre de Dali et au moins un peu son histoire. Beaucoup de scènes ne seront à mon avis pas drôles sans ce prérequis.
Dupieux déroule ses motifs de cinéma et ses obsessions préférés. Cela commence personnellement à me lasser. Mais le film reste généreux dans sa bizarrerie, ses visuels hyper soignés, ses gags loufoques, même s'il y a de grosses longueurs. J'ai moins eu l'impression que Dupieux s'éclatait tout seul que dans Yannick. Ouf.
A noter, une musique à l'espagnole particulièrement entêtante.
Conclusion :
Drôle, barré, visuellement plaisant, Daaaaaali est un bel hommage au génie de la peinture surréaliste, qui sera mieux apprécié par les personnes qui connaissent au moins son œuvre. J'ai regretté néanmoins des scènes trop longues et le fait que le film soit à peu de chose près une reprise de Réalité, du même auteur. Il est temps que Dupieux se rappelle qu'il y a des gens dans la salle.