********* Article contenant des spoilers *********
Accroche : Une jeune fille orpheline, Rain, est prisonnière d'une colonie minière avec son frère adoré, Andy. Pour s'échapper, elle accepte d'aller explorer une station spatiale abandonnée par la Weyland-Yutani.
Sexomètre : les symboles phallique et vulviques habituels dans la franchise, pas de nudité
Violençomètre : pas mal de baston, des gens qui explosent ou se font dévorer vivants : on est dans un film d'horreur
Bechdel test (test de sexisme) : raté !
Mon avis :
Soulagement après un quart d'heure de film : pas de discours pseudo-philosophique stupide en vue, personne ne joue de pipeau : ouf ! On n'est plus dans la lignée de Prometheus / Covenant et on ne peut que s'en féliciter !
Le film commence bien avec un contexte assez intéressant (comment la Weyland-Yutani exploite des colons dans des mines en les gardant littéralement prisonniers) et du développement de personnages sur les deux personnages principaux.
L'ambiance inquiétante est assez bien rendue. Je m'agace par contre de l'usage excessif du jump scare, qui est un effet facile pénible. Perso, je préfère qu'on me fasse peur par l'ambiance, les thèmes, le jeu des acteurs... pas par un crétin d'objet lourd qui tombe ou autre.
Je ne vous listerai pas les trous du scénarios mais sachez qu'une station spatiale géante indétectable du sol sauf par un gamin tafant dans une mine, ça m'offusque. Et un xénomorphe qui se développe OKLM dans un caisson de cryostase, encore plus (répétez après moi : la cryostase, ça met en stase).
Le film est distrayant pendant les trois premiers quarts mais le scénario est malheureusement un patchwork de scènes des films précédents. Le vaisseau qui glisse dans le silence ? Check. La femme qui enfile son scaphandre, poursuivie par le xénomorphe ? Check. Le xénomorphe qui s'approche en bavant du visage de la femme ? Check. Le combat qui se termine par la créature lancée dans l'espace ? Check. Et je pourrai continuer longtemps. Quasiment tout le film repompe allègrement les précédents.
Quelques rares trouvailles viennent néanmoins agrémenter le recyclage (le synthétique qui change de personnalité avec sa mise à jour, le sang d'alien en apesanteur).
On atteint un point culminant avec le deep fake hideux de Ian Holm, le synthétique du premier film ramené d'entre les morts et la reprise littérale des répliques les plus connues de la franchise. C'est pas subtil, ça tombe tellement à plat dans certains cas que ça en devient grotesque. Dans la salle, on passe un moment cringe...
On est dans la stratégie habituelle de Disney : on n'invente rien, on copie-colle les éléments préférés des fans et on compte sur leur attachement à la franchise pour remplir les caisses. Le pire, c'est que ça marche, quand on voit le box office. A ce rythme, les scénarios seront bientôt écrits par des IA et joués par des deep fakes...
Vers les trois quarts du film, on part carrément en sucette et on explose le compteur de la surenchère avec des explosions de partout, une scène interminable de montage d'échelle, un nouvel hybride au design encore plus raté (il m'a rappelé Jean-Michel de la compta)...
Les acteurs sont sans intérêt, à l'exception de David Jonsson, qui vend remarquablement le synthétique flippant et son changement radical de personnalité.
Comme d'habitude, je déplore le jeunisme éhonté du cinéma américain, pour lequel, si vous avez plus de 30 ans, vous n'êtes pas digne d’intérêt.
Il y a de la belle image de l'espace; on sent que le film a les moyens. Par contre, comme toujours chez Alien, le son devient assourdissant dans les scènes d'espace ou de combat. C'est très chiant. Prévoyez vos bouchons d'oreilles.
Les créatures sont pas mal réussies, nombreuses et beaucoup montrées (trop ?). Ça saigne, ça mute, ça bave, ça mange salement... on est bien dans un film de créatures. On a droit à des dizaines de facehuggers galopant gaiement dans les couloirs. Les xénomorphes sont toujours aussi phalliques mais on a droit également à une magnifique vulve / cocon extra-terrestre accrochée à un mur. Côté créatures, le film est très généreux.
Le film reste fidèle à l'obsession de la franchise pour la grossesse et l'accouchement avec une scène vers la fin.
C'est surprenant d'avoir un personnage handicapé, vu comme c'est rare au cinéma. J'ai un peu tiqué quand j'ai vu que c'était un synthétique mais la représentation reste là. Malheureusement, le script ne l'exploite pas, hormis dans une courte réplique où Andy, maintenant mis à jour, reproche à sa sœur de l'avoir traité comme un enfant. Le film nous rejoue Cobaye, avec un Andy diminué au début mais gentil qui devient terrifiant en dépassant les dites limitations.
Le film rate à mon avis une belle occasion de creuser la thématique "les synthétiques ont-ils une personnalité, des sentiments ou ne sont-il que des grille-pains abrutis ?". Lorsque que Rain supplie son frère d'ouvrir la porte vitrée pour sauver son amie, coincée derrière avec un xénomorphe, j'espérais une micro-seconde d'hésitation de la part d'Andy, un signe que toutes ces années où Rain s'est tendrement occupée de lui signifient quelque chose pour lui, juste un zeste d’ambiguïté avant qu'il refuse fort logiquement. Cela aurait ajouté, pour moi, une certaine richesse au personnage et au concept même de l'humain synthétique.
Conclusion :
Un film copier-coller jusqu'à la nausée avec de belles et nombreuses créatures bien dégueu comme on aime.
Ridley, ça ne te dit pas de continuer Raised by wolves au lieu de produire ce genre de bouses ?