Le village carnivore

C'est presque toujours la même chose avec les films de genre : les éminents spécialistes pointent les références et les emprunts ; le commun des cinéphiles regrette les incohérences et la présence de trop nombreux clichés. Prenez Dachra, soi-disant le premier film d'horreur tunisien où trois ahuris débarquent avec leur naïveté en bandoulière dans un village reculé où l'appétit carnivore de ses habitants semble illimité. Tant que le film joue sur la suggestion, la chose est plutôt satisfaisante et même captivante malgré la profondeur psychologique sommaire de ses principaux personnages. Et puis, cela finit par se gâter avec un twist tombé du ciel suivi d'une accélération de scènes peu ragoûtantes, sans doute très attendues des amateurs de gore, mais qui ne font qu'aller dans la surenchère glauque. C'est attristant parce que pour son premier long-métrage, Abdelhamid Bouchnak a démontré auparavant qu'il savait créer une atmosphère et même une esthétique sombre et inquiétante. Il aurait dû s'y tenir sans chercher à convaincre qu'il était capable de céder à toutes les facilités du film qui est censé faire peur.