D'abord destiné à être une pièce de théâtre, Christy Hall (connue comme scénariste notamment du récent Jamais Plus - It ends with us) réalise avec Daddio son premier film, un joli huis clos intimiste dans un taxi jaune newyorkais, entre l'aéroport JFK et downtown.
Dans le même genre, ce long-métrage est cependant assez différent du Une belle Course de Christian Carion (2022), puisqu'il établit une relation de séduction, certes attendue et affichée mais non dénuée de sensibilité et de délicatesse, entre une ravissante jeune femme de 35 ans et un chauffeur "vieux beau" de 60 ans.
Car au-delà de l'attrait glamour, qu'est-ce qui peut pousser 2 personnes embarquées au hasard dans le même taxi, à rentrer dans l'intimité l'un de l'autre, et dont les échanges se limitent habituellement à la météo, les conditions de circulation et autres banalités ?
Reconnaissons qu'il faut toute l'habileté de la réalisatrice et scénariste Christy Hall, pour nous faire croire en cette histoire et ses révélations, tant par le scénario intelligent que par l'excellente direction des grands acteurs Sean Penn et Dakota Johnson, tous les deux brillants dans leur rôle, la vérité de leurs échanges, la puissance de leurs regards (dans le rétroviseur ou en face à face alors qu'ils sont bloqués dans un accident), et les non-dits qui interrogent.
Et c'est bien le chauffeur, en vieux roublard ayant connu tellement de passagers avec leurs secrets, qui arrive à mettre "à nu" sa passagère et devine la majorité de ses failles, alors qu’elle chatte avec son amant marié sur son téléphone, et c'est chaud ! Mais peu à peu à chacun de se livrer : on parle ainsi de relations familiales et filiales, de sexe, d'aventures conjugales et extra-conjugales, et aussi d'envies diverses ; ils se livrent même à un challenge intelligemment mené sur qui fera les révélations les plus étonnantes, ce qui permet rebondissements et découvertes. Au fond, on se dévoile peut-être plus facilement à un inconnu qu'on ne reverra jamais ?
C'est parfois drôle et souvent grave, voire pathétique, sur ce que la vie nous a fait endurer, et les interrogations sur ce qu'elle ne manquera pas de nous réserver.
Daddio, en fait Daddy, c'est ce père qui a fait tant défaut, le surnom qu'elle donne à son amant plus âgé, et sans doute aussi le chauffeur pendant le temps de ce bout de chemin mémorable.
La mise en scène est accompagnée d'une jolie musique composée par Dickon Hinchliffe, à la fois douce, enveloppante mais aussi troublante et mystérieuse quand il le faut. Le côté huis clos intégral peut rebuter mais finalement on passe un excellent moment en compagnie de ces deux-là, avec une fin judicieusement ouverte.