À vous qui me lisez, si vous avez le projet de réaliser un documentaire sur un musicien, regardez bien celui-ci avant. Vous saurez ainsi tout ce qu'il ne faut pas faire.
J'abuse un peu évidemment, mais j'ai été plutôt déçu par ce que j'ai vu et je comprends mieux les retours très tièdes à la sortie de ce film qui était quand même un événement. C'est le seul documentaire officiel sur Daft Punk et il n'y en aura probablement pas d'autres maintenant qu'on sait que leur carrière est terminée.
Mais si j'ai appris quelques anecdotes amusantes (la guitare de Nile Rodgers ou les micros de Giorgio), j'ai été gêné par pas mal de choses :
- Les influences de Daft Punk. On en parle trop peu. Ces types sont les rois du sample, on aurait quand même pu se pencher dessus et expliquer en quoi c'est un forme de création et pas du recyclage bête et méchant. Mais la majorité des intervenants n'ont pas les armes pour ça. Et c'est ce qui va nous amener au deuxième point.
- Y'avait pas autre chose à dire sur Tom et Guy-Man' que "Ce sont des génies/visionnaires/dieux vivants/lumières parmi les lumières" ? On sent cruellement que la plupart des intervenants ne savent pas quoi dire au point de se toucher sur absolument tout. La palme revient quand même au concert du Coachella. Alors oui les décors sont très jolis et c'était probablement un très bon concert, mais ça ne marche que quand on a jamais vu un concert de Queen, Roger Waters ou Michael Jackson en vidéo avant... Et ce n'est pas mon cas. Vraiment c'était un passage du documentaire énigmatique pour moi. On nous introduit ça en disant que le dernier album n'a pas marché, que c'était l'occasion finalement de se faire un peu de pognon et de revenir sur le devant de la scène, que les deux zozos ils avaient pensé à une scénographie du tonnerre (qui consiste en des écrans LED en fond d'une pyramide elle-même tapissée d'écrans LED, j'ai quand même vu plus impressionnant que ça) et qu'ils ont sorti un set en or massif. Mais en dehors du fait que le public s'amuse bien, en quoi ce concert-là est spécialement important d'un point de vue artistique ? Ils n'ont pas su le dire. Et c'est comme ça tout le long. Quand ça parle des albums c'est pareil, et je suis bien content que pour Random Access Memories on ait surtout laissé la parole à ceux qui sont directement intervenus dans la création de l'album, parce que pour les trois précédents c'était le vide absolu.
- La forme. Les documentaires "La Story de" sur CStar font 15 fois mieux, et ils ne sont pas censés être une référence. Ils parlent d'ailleurs davantage de musique que ce documentaire sur Daft Punk, même si eux aussi ils font des approximations à gogo. C'est très (trop ?) télévisuel, c'est presque insultant pour le public de se dire qu'on a osé vendre ça en Blu-Ray à 20 balles.
- La structure. Une page Wikipédia sur pattes le bazar. Avec un paragraphe par événement marquant et collaborateur de la carrière du groupe.
En général ce genre de documentaires donne envie de découvrir un artiste, ici on a juste envie de les fuir tant ça sonne comme de la promo forcée et maladroite.
Néanmoins, j'ai passé une heure vingt au son des deux robots, et je n'arrive donc pas à mettre en dessous de la moyenne.