Des choses gentilles à dire sur ce film

  • On est souvent pris en défaut par des résumés de deux lignes qui annoncent le meilleur, par un imaginaire qui se projette dès le titre, par des critiques qui vantent monts et merveilles. On croît qu’on va assister à la fin du monde, on ne verra que trois californiens se marcher dessus, on fantasme sur des requins tueurs, on aura 50 minutes de discussion de couloirs... Avec Dagon, non. Avec Dagon, on peut se dire le sourire aux lèvres : « C’était exactement ce que j’avais envie de voir. »
  • Faut dire qu’avec une adaptation de Lovecraft par Gordon, on ne prenait pas de gros risque. Stuart Gordon a largement fait ses preuves, s’appropriant le matériaux de base avec succès, sachant matérialiser une horreur sensée ne jamais se montrer et l’habillant parfois d’une pointe de grotesque ou d’humour noir. À titre d’exemple, ...

... le héros, Paul Marsh (Ezra Godden), se barricade dans sa chambre d’hôtel en vissant sur la porte qui n’en porte pas, le verrou des chiottes. La manœuvre est stupide, il perd du temps et son bricolage ne le protégera pas mais la scène est tout sauf ridicule, elle accentue une tension jusque-là latente : les villageois se font plus menaçants qu’inquiétants et notre héros, un peu con con et seulement équipé d’un canif, est sacrément mal barré.

  • L’ambiance est aussi un gros point fort, on ressentirait presque le froid, les embruns, l’odeur de pourriture que charrierait la mer ; tout dégouline, les personnages ruissellent, s’embourbent, les villageois dégénèrent, se liquéfient. Les villageois sont particulièrement bien foutus, grâce à des maquillages et des bruitages plutôt réussis (de quoi faire oublier les effets numériques bien moches). Sans oublier des scènes gores, un téléphone portable qui fait office de matraque, des peaux humaines mises à sécher, des décors de chapelle pervertie, etc. Toute une ambiance et des éléments qui ne sont pas sans rappeler le jeu vidéo Résident Evil 4 qui sortira quelques années après.
  • Petit bonus, il y a des hommes torches. Beaucoup.

Ce film contient 28 ingrédients du bingo des films

Personnage > Agissement

Chute dans le vide en criant « Aaaaaah ! » - Bagarre | Coup dans les couilles (ouch !) - Femme qui sauve un homme en mauvaise posture - Fuite | Acculé·es au bord du vide, sautent - Secoue la tête pour : chasser une hallucination

Personnage > Citation

Supplie | « Tue-moi, pitié... »

Personnage > Héros ou héroïne

Fibre héroïque | Sauve une femme en détresse, ou un enfant inconscient

Personnage secondaire

Villageois patibulaires

Réalisation

Cut après qu’un personnage ait été assommé - Grammaire | Ralenti lors d’une chute - Habillage | Titre qui apparaît en gros à l’écran, accompagné d’un effet sonore - Homme torche qui s’agite en tout sens - Technique | Pluie artificielle artificielle - Tension | Caché·e - Tension | Gros plan sur une poignée de porte qui tourne

Réalisation > Audio

Bruit exagéré | Coups donnés lors d’un combat au corps-à-corps

Scénario > Blague, gag et quiproquo

Est éclaboussé·e par un fluide - Fait des grimaces (dans le dos) / répète une phrase sur un ton moqueur

Scénario > Contexte spatio-temporel

Début d’orage au moment opportun

Scénario > Dialogue

Religion | Psaume 23

Scénario > Élément

Victime de mort (surnaturelle ou pas) dégueulasse

Scénario > Ficelle scénaristique

Cauchemar | Se réveille en hurlant/en sueur/en sursaut - La chatte à Mireille - Retour d’un personnage qu’on croyait mort

Thème > N’importe quoi

Trop con·ne | Ces gens font des trucs complètement con

Thème > Rejets, moqueries ou discriminations

Parler petit nègre - Wacisme

Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes

Objectification sexuelle | Nichons, fesses

https://www.incredulosvultus.top/dagon

---

Barème de notation :

  • 1. À gerber
  • 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
  • 3. On s'est fait grave chier
  • 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
  • 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
  • 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
  • 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
  • 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
  • 9. Gros gros plaisir de ciné
  • 10. Je ne m'en lasserais jamais

Créée

le 20 sept. 2022

Critique lue 29 fois

Critique lue 29 fois

D'autres avis sur Dagon

Dagon
Watchsky
7

Le Cauchemar d'Imbocca

Alors que la nouvelle de Lovecraft Le Cauchemar d’Innsmouth ne faisait que suggérer l’horreur en ne montrant aucune des atrocités commises par les habitants de la bourgade, son adaptation...

le 9 juil. 2022

15 j'aime

8

Dagon
JasonMoraw
6

Praise the Fish

Un jeune couple prend des vacances en croisière idyllique. Alors qu’une tempête interrompt ce parfait moment de bonheurs, Paul et Barbara sont obligés de trouver refuge dans le village d’Imboca...

le 19 août 2020

12 j'aime

6

Dagon
FoxmcCost
7

Le bon roi Dagon vert...

Ah Dagon, une des premières adaptations de Lovecraft qui soit passée devant mes yeux au moment ou je commençais à découvrir ce formidable auteur qui deviendrait mon préféré. La nouvelle en question...

le 14 mai 2012

12 j'aime

6

Du même critique

Beetlejuice Beetlejuice
IncredulosVultus
5

Déterrer pour mieux réenterrer

Dans la série des j’en attendais rien mais je suis quand-même déçu de rentrée, s’il n’y avait pas eu la nomination de Michel Barnier au poste de premier ministre, Beetlejuice, Beetlejuice aurait...

le 6 sept. 2024

12 j'aime

2

Supermarket Woman
IncredulosVultus
8

Les têtes de gondole, c’est sa grande passion !

Des choses gentilles à dire sur ce filmUn peu comme ont pu le faire le tandem Kervern/Delepine dans Le grand soir, Juzo Itami réussit à rendre fascinant et beau un univers qui ne l’est pas forcément...

le 12 sept. 2022

3 j'aime

Joe's Apartment
IncredulosVultus
8

Broadway échelle 1/1000

Des choses gentilles à dire sur ce film : Rendez-moi mes poux sur le fond, La petite boutique des horreurs version Oz sur la forme, Joe’s apartment est un condensé de bonheur et d’impertinence...

le 31 oct. 2023

2 j'aime