Devenu le Bénin
Ce documentaire est réalisé par la franco-sénégalaise Mati Diop à l’occasion de la restitution au Bénin de vingt-six œuvres d’art ayant passé 130 ans en France. On les voit partir du musée du quai...
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le 15 sept. 2024
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Ce documentaire est réalisé par la franco-sénégalaise Mati Diop à l’occasion de la restitution au Bénin de vingt-six œuvres d’art ayant passé 130 ans en France. On les voit partir du musée du quai Branly - Jacques Chirac, où elles sont mises en caisses avec un soin extrême dû en particulier à leur état de conservation. En effet, ce sont des objets (on voit des statues de grandes tailles ainsi qu’un trône royal) lourds et travaillés. Cette partie est à mon avis exagérément longue, puisqu’il ne s’y passe rien de notable, et surtout particulièrement froide. Heureusement, la réalisatrice y insuffle un peu d’âme avec le vrai point original du film qui consiste à donner la parole à la statue n°26 par une voix déformée du genre personne parlant au téléphone avec un mouchoir posé sur le combiné. L’arrivée au Bénin est déjà plus intéressante, car elle nous apporte quelques impressions du pays. On remarque surtout les grosses inscriptions sur les véhicules qui transportent les objets depuis l’aéroport vers le musée qui les accueille : restitution de trésors royaux à la république du Bénin. Le choix de la formule donne à réfléchir, car ces objets viennent du Dahomey et retournent au Bénin. La raison en est que le pays a changé de nom. Mais on regrette que le film ne s’intéresse pas trop à la ou les causes de ce changement. De plus, le pays est quand même passé d’une royauté à la république, ce qui n’est pas… bénin. Au chapitre des regrets, au vu de la durée du film (guère plus d’une heure) il aurait été bienvenu de situer le Bénin sur une carte. Et puis, il aurait été intéressant de préciser dans quelles conditions ces objets ont fait le voyage du Dahomey vers la France. On imagine que le soin observé au début du film n’était pas le même à l’époque, une raison soit dit au passage expliquant au moins en partie l’état actuel de ces œuvres en bois. Mais, ces œuvres ont-elles voyagé clandestinement ou non ? Sait-on précisément qui récupérait ces œuvres pour les envoyer en France ? La restitution datant de 2021 (des masques montrent une réelle méfiance vis-à-vis du Covid), on imagine qu’il valait mieux éviter d’aborder cette question et se concentrer sur l’aspect positif de l’événement, diplomatie oblige. En effet, l’opération arrivait après une longue période de négociations et on comprend que les musées français ne se séparaient de ces œuvres qu’à contrecœur. D’ailleurs, on apprend finalement que si 26 œuvres sont alors restituées, celles qui restent hors du Bénin sont encore plusieurs centaines. Autres questions : comment ces œuvres ont-elles été choisies ? Par qui et selon quels critères ? Cette première partie amène la réflexion suivante : finalement l’événement ce n’est pas ce film (malgré son Ours d’or au festival de Berlin 2024), mais bien la restitution de ces œuvres à leur pays d’origine.
Après l’intervention du conservateur du musée accueillant les œuvres et affirmant avec conviction et fermeté qu’elles seront conservées dans les meilleures conditions et pourront être vues par le public et étudiées par les chercheurs, le meilleur du film vient avec un débat où des étudiants locaux apportent leurs réflexions à propos de l’événement. Au-delà de l’aspect affectif, tout ce qui est dit alors s’avère intéressant et particulièrement révélateur. On sent que ces jeunes béninois, qui s’expriment en français (langue officielle du pays), commencent à évaluer l’importance de cette restitution, pour eux et tous leurs concitoyens, mais aussi par rapport à l’histoire du pays. Ainsi, la statue n°26 s’exprime dans son langage d’origine, ce qui nous vaut d’ailleurs des sous-titres en écriture inclusive ! Malheureusement, pour nous spectateurs français ignorants de l’histoire du pays et de son peuple, les noms des différents rois cités lors du débat s’avèrent difficiles à cerner, alors qu’on sent que les intervenants en parlent avec une certaine familiarité. Voilà qui accentue le regret du manque d’informations à propos de l’histoire et de la géographie du pays. A moins que la réalisatrice ait fait le choix de laisser aux uns et aux autres le soin d’aller à la pêche aux informations, plutôt que de prendre le risque en en donnant certaines que cela puisse être considéré comme orienté d’une manière ou d’une autre. Malheureusement, cela donne l’impression d’un film qui se contente de montrer un événement, sans en faire ressortir toute la portée.
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le 15 sept. 2024
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