[PAS DE GACHAGE/SPOILER FREE]
Signé Jean-Marc Vallée et ne versant jamais dans le pathos, "Dallas Buyers Club" nous raconte l'histoire du texan Ron Woodroof, redneck grande gueule (pléonasme ?) électricien carburant à l'alcool et au sexe, accessoirement homophobe, adepte du rodéo et bagarreur à qui l'on va diagnostiquer le VIH au milieu des années 80, alors que le virus du SIDA est encore assez méconnu. Tandis que les médecins lui prédisent une mort certaine sous un mois, il va tout mettre en oeuvre pour avoir accès aux derniers traitements, puis construire un véritable réseau de distribution de médicaments parallèle afin de faciliter l'accès aux soins au plus grand nombre. Tout au long de son combat contre la maladie, mais aussi contre les autorités et la FDA (Food and Drug Administration), il rencontrera notamment le Docteur Eve Saks ou encore Rayon, un transsexuel lui aussi atteint. Sauront-ils s'entendre et faire un bout de chemin ensemble ?
Et bien je n'en dévoilerai pas plus, tout juste suis-je bien obligé de reconnaître qu'après l'excellente surprise que fut "Mud" et notamment son personnage central habité, Matthew McConaughey (je suis content de l'écrire et de ne pas avoir à le prononcer, ce nom !) récidive et m'a littéralement bluffé. Physiquement, mais pas seulement. Complètement aminci, amoché, détruisant par la même son statut de sex-symbol, il EST Ron Woodroof, et lui apporte une incroyable consistance, malgré son manque...de consistance justement. Le personnage évolue durant tout le film, et de par son jeu, son côté entier et bourru et son humour, il arrive à désamorcer des situations parfois sérieuses, dures.
Autre bellâtre déconstruit, Jared Leto ne démérite pas. Son rôle fort ambigu, son apparence physique à la fois fragile et gracieuse, son regard intense qui ne l'est plus dans la souffrance, c'est un nouveau sans-faute de la part du leader de "30 seconds to Mars". Sa performance s'apparente à un mythe moderne, un joli mensonge, était-ce un rêve ? (je vous laisse chercher les références).
L'image contribue à les montrer diminués, avec des tons pâles, un style brut de décoffrage, réaliste, et qui tend à marquer encore un peu plus les traits. Cerise sur le gâteau, le casting est habilement mis en valeur par des dialogues finement écrits.
Toujours est-il que les deux acteurs prouvent qu'il n'est pas nécessaire d'être constitué de 110 kilos de muscles, ni même d'être un beau gosse pour avoir du charisme et un magnétisme qui opère dès les premiers instants. Et en parlant de charme, l'atout féminin du film, c'est Madame Affleck, enfin, la rousse Jennifer pour être plus précis, et je dois dire qu'elle m'a convaincu par sa justesse et sa simplicité à tout moment. Jennifer, alias "The Constant Garner", dirons-nous. A noter l'apparition de quelques têtes connues, dont le sympathique Griffin Dunne qui m'avait bien fait rire dans "After Hours" du père Marty. Acteur que je n'ai pourtant reconnu qu'après avoir vu son nom apparaître aux crédits de fin.
"Dallas Buyers Club" constitue ma première grosse claque cinéma de 2014, et si la campagne marketing du film bat toujours son plein dans les médias, de temps en temps il faut savoir se fier à ce que l’info cite.