Sensation du Palmarès des derniers Golden Globes, Dallas Buyers Club est riche en promesses avec un casting reconnu et un sujet très fort. Sans remettre en question le talent de ses acteurs brillants, ni même leur prestation dans ce film, les prix gagnés et promis semblent presque excessifs. Matthew McConaughey et Jared Leto sont très bons mais leurs rôles pas si bien exploités. Implantée dans un fait de société historiquement fort, cette histoire se devait pourtant d'être poignante. Centré sur l'aspect politique que soulève les activités du Dallas Buyers Club, le film est un peu pataud dans sa morale.
Le discours sans mesure appuie avec lourdeur sur une insanité évidente. On ne peut qu'être indigné par l'injustice qu'endure Ron Woodford et Rayon, figures des séropositifs. Le travaille scénaristique est vain dans le fond. Cela aurait donné un documentaire passionnant mais le mélange fiction / Histoire ne marche pas aussi bien que le récent "12 Years of Slave". La reconstitution sonne parfois faux. La faute à une mise en scène trop succincte et surtout ultra convenue.
En plein dans la forme du "Inspiré de faits réels", "Dallas Buyers Club" use et abuse des codes du genre. Trop nombreuses les ellipses grossières font décrocher du récit. Avec en apothéose, l'inévitable épilogue qui ne laisse plus aucune miette à la curiosité du spectateur. En dévoilant crûment les moindres détails des faits réels, ce système limite la relation du public avec l'histoire à la salle de cinéma. La mise en scène sans (assez de) prétention amplifie le texte qui se limite à ce qu'un documentaire aurait donné avec plus de pragmatisme.
Jean-Marc Vallée n'utilise pas assez le talent de ses acteurs, excepté la beauté de Jennifer Garner, les scènes ne posent pas l'émotion. Le scénario se devait de raconter l'aberration politique que fût les traitements médicaux du SIDA, mais c'est ici au détriment du sujet le plus important.
Matthew McConaughey propose un travaille intéressant sur l'évolution de son personnage. L'énumération des jours semblait au départ une bonne idée mettant en forme un parcours de survie. On voit bien l'accroissement des dégâts sur le corps et sur l'esprit. On sait très bien que Ron Woodford changera de discours au fur et à mesure de son combat, mais son interprète fait tout de même ça avec finesse. Pas autant de présence et de singularité que dans Mud ou la nouvelle série True Detective, mais très juste. Jared Leto et Jennifer Garner ont des rôles qui livrent plus de sensations. Mais toutes ces bonnes choses sont trop rares, trop courtes et pas suffisamment liées pour émouvoir à travers un drame marquant.
Film rationnellement militant mais qui passe à côté de la vision humaine du fléau. Le combat contre le SIDA passe au second plan. Le développement de la maladie sur le physique et le mental n'est pas assez exploité. Le texte politique est bien construit et nourrissant. Film intéressant mais pas aussi poignant qu'il pourrait être, compte tenu de son casting.