Réalisateur de l'immonde CRAZY ou encore de Café de flore, Jean-Marc Vallée est un bohémien moraliste de gauche caractéristique mais aussi talentueux. Avec Dallas Buyers Club, il signe son premier film à Oscars. Format et ton classique, trio d'acteurs connus en tête de casting(Matthew McConaughey vu récemment dans Killer Joe, Jared Leto et Jennifer Garner). Le projet s'est étalé sur plusieurs années et plusieurs stars, comme Brad Pitt, ont passé leur tour, en raison des transformations physiques (amaigrissement intense) exigées pour refléter la condition des malades du sida.
Craig Borten, scénariste du film, a rencontré Ron Woodrof en 1992, peu avant sa mort. Cow-boy et crasseux typique (''sexe, drogue et rodéo'', ajoutez la caravane et le niveau de vie miteux), Ron a vu son destin basculer en 1985 en apprenant qu'il avait le sida, vraisemblablement contracté via une injection et pendant un rapport. Il a vécu sept ans bien que le premier diagnostic lui promettait trente jours. Cette condamnation à mort a fait de son existence une vie réussie, puisque pendant ses dernières années, Ron organise un trafic de médicaments non-approuvés qui permettent pourtant de retarder les effets de la maladie. Son histoire est donc celle d'une lutte contre un système de santé corrompu par des intérêts crapuleux ; et contre l'AVP en particulier, un soin toxique alors prescrit aux victimes du VIH.
Ron évolue mais n'en demeure pas moins ce gros plouc avec un bon fond ; son affaire, c'est un business autant qu'une lutte. Jeter la pierre est mal placé, Ron doit juste survivre. Les questionnements moraux sont absents du film car il déroule son histoire le plus naturellement du monde. Dallas Buyers Club est une épopée concrète, simple, avec des mortels. Caméra à l'épaule et peu d'artifices au rendez-vous, clé d'un tournage express d'à peine un mois, soit digne d'une série B. Le film plaît aussi car il exprime une authentique sympathie pour les minorités et les opprimés en action.