J'aime beaucoup Matthew McConaughey, vraiment. Même si j'avais détesté Killer Joe de Friedkin, sa maîtrise et son talent ne m'avait pas laissé indifférent. Intuition confirmée dans Mud, où il tenait le rôle saisissant d'un personnage mystérieux au passé trouble. Tout ça pour dire, que si j'ai fini par aller voir Dallas Buyers Club, c'est bel et bien parce que c'est lui qui tenait le haut de l'affiche.
Et c'est en parti le problème du film de Jean-Marc Vallée. Tout n'est prétexte qu'à donner un beau rôle à McConaughey, en prenant quelques raccourcis bien balisés.
D'odieux connard homophobe, il va se transformer, atteint par le Sida, en figure paternaliste pour toute la communauté homosexuelle. Si l'histoire avait un véritable potentiel au cinéma, et pose le doigt sur des questions qui méritent d'être posées, le long-métrage se contentera d'abattre sur le pauvre spectateur le spectacle désolant d'un manichéisme consternant : les méchants, car c'est comme ça qu'il convient de les appeler n'ont aucune personnalité et ne sont que le reflet de leurs fonctions. Jean-Marc Vallée reste à ce sujet d'ailleurs bien sage et ne vient même pas chatouiller le gouvernement (ou si peu) des années Reagan, décidément bien dégueulasse pour laisser crever des gens tout en se graissant les pattes. Même le docteur ne se posera pas la question une seule fois sur les 120 minutes qui composent le film alors que lui n'a rien à y gagner. Tout ça pour mettre encore une fois en avant le courageux combat de McConaughey.
La seule personne qui va venir contrebalancer ce manichéisme, c'est la doctoresse incarnée par Jennifer Garner. C'est la seule qui va se poser des questions quant à l'usage de médicaments qui tuent les patients de l'hôpital. Si encore une fois elle est impeccable dans son rôle, il est consternant de voir à quel point celui-ci est fade et manque de vigueur. Vide de toute substance, elle vient au final tout simplement épauler, McConaughey.
Le dernier acteur du trio principal, Jared Leto vient finir d'auréoler McConaughey en causant sa transformation de gentil à méchant. Si sa composition est bluffante, il est triste de constater que celui-ci est constamment effacé et doit bel et bien se cantonner au second rôle, afin de laisser toute la lumière sur l'acteur principal.
Je vous épargne par ailleurs la longue liste de clichés que le film va mettre en scène, pour dire que celle-ci est très correcte, et distille suffisamment de tension pour nous tenir en haleine. Je conchie juste bien gentiment l'affreuse musique au piano qui arrive à tous les moments tristes. Franchement.
Finalement, c'est bel et bien l'imposante ombre de ces petites statuettes dorées qui planent sur tout le film et qui finissent de le couler. Celui-ci n'est pas mauvais, et je m'excuse si ma critique a pu paraître sévère (je n'ai pas passé un mauvais moment), mais il est désespérément lisse et prévisible, et c'est vraiment très dommage.