Comment gagner son pain lorsqu'on a été blacklisté et qu'il faut faire bouillir la marmite ? Ben, en vendant de la méthamphétamine... Euh, non, attendez... Plutôt en écrivant des scénarii au kilomètre, sous pseudonyme, pour un producteur de films bis, en montant une véritable "petite entreprise familiale".
Dans le genre ultra convenu du biopic américain, Dalton Trumbo évite la plupart des écueils et des clichés. Pas ou peu de scènes larmoyantes, de "performance" d'acteur ou d'actrice sur-maquillé pour incarner un personnage ayant existé... Tout juste a t-on droit à un discours bien-pensant devant une assemblée.
De plus, Dalton Trumbo comporte un joli lot de scènes comiques, dues à l'absurdité des situations (les auteurs blacklistés sont récompensés sous pseudonyme et ne peuvent venir chercher leur récompense). Ce n'est pas une grosse pochade comme "Ave César", mais on passe un bon moment.
Bryan Cranston porte brillamment le rôle principal, apportant une dose de légèreté (et un peu de cynisme) à cet épisode assez dramatique de l'histoire des États-Unis. Et encore, les scénaristes, comme le montre le film, pouvaient encore travailler sous pseudonyme, dans l'ombre, ce qui n'était pas le cas de la plupart des réalisateurs, acteurs et techniciens...
La réalisation est tout à fait soignée avec de beaux décors.
On sort du film avec une envie assez irrépressible de voir (ou de revoir) les films de Trumbo.
LA FIN, RACONTÉE POUR BRILLER EN SOCIÉTÉ / EMMERDER VOTRE VOISIN / S'EN SOUVENIR :
Après avoir purgé une peine de prison et le train de vie de sa famille, Dalton Trumbo écrit du scénario au kilomètre pour des films bis. Au bout d'un moment il en a marre de faire du bis, voire du Z, et décide d'écrire à nouveau de bon films. Bilan : des oscars sous pseudonyme. Surtout, il gagne le combat de l'intérieur en étant à nouveau crédité au générique alors qu'il est blacklisté, pour Spartacus et pour un film d'Otto Preminger. Il termine sa vie dans son lit (ou dans sa baignoire), en tout cas de mort naturelle.