Déjà dans mon adolescence, Dann et Danny était une de mes séries de science-fiction animée préférée, mais je me faisais, de manière plus ou moins formulée pour mon âge, la réflexion que les décors étaient à couper le souffle, mais que les histoires étaient tellement plates qu'elles n'étaient qu'un prétexte.
Et c'est encore une fois le cas ici. Sachant qu'il a fallu étirer pour que cela tienne le format long métrage, et parfois ça se sent. Il y a plusieurs segments de générique, complétement gratuits, reprenant plus ou moins ceux des vieux James Bond, et qui ouvrent des fausses pistes concernant l'histoire. Il y a des dialogues complétement ineptes, à commencer par les très longs monologues du savant fou, qui enfile tout un jargon inutile même si on a très vite compris qu'en gros il veut créer une nouvelle race en manipulant la génétique à partir d'un minerai présent sur une seule planète, le vizorium. Il y a des passages sans bruitage, bercés seulement par de la citypop chantée par Miki Matsuraba (ce météore japonais). Il y a aussi des scènes de romance très très très maladroites entre Kei (la rouquine) et un voleur beau gosse, qui fait beaucoup de mansplaining et vole la vedette aux filles, au point de les rendre presque inutiles. Il y a beaucoup de situations où les protagonistes n'ont pas la moindre idée de ce qu'il faudrait faire.
Il n'y a surtout rien qui fonctionne dans le scénario : les créatures du début, qui semblent attirées par le vizorium raffiné, sont elles-mêmes issues de manipulation de vizorium (???). Le plan diabolique du savant fou n'a aucun début de sens, et on se demande pourquoi sa base souterraine est prévue pour s'élever sur des vérins sur une simple commande, prenant l'apparence d'un château maléfique. et que dire d'un film où l'élément qui semble le plus précieux est une bouteille de vin appelée "Chateau Latour-Général de Gaulle 1945", censée apporter gloire et richesse ? Et pour finir on retrouve l'espèce de chat bizarre de Dan et Danny, qui ne sert à rien comme toujours mais bizarrement leur sauve ici la mise.
Alors pourquoi cette note ? Parce qu'il y a beaucoup de scènes d'action avec Kei, Yuri et Carson en petite tenue, et c'est bien tout ce qu'on demande. Parce qu'il y a des plans visuellement géniaux de décors brassant le meilleur de Metal hurlant, Giger, Star Wars, avec une bizarre note de bonne humeur. Parce que ce film est chargé jusqu'à la moëlle d'une énergie folle, celle du Japon de la bulle, quand la croissance niponne semble sans fin et s'enivre de glamour piqué dans la culture mondiale.
Mais le plus important, c'est que la tradition est respectée : en partant les filles déclenchent une catastrophe qui plonge toute la planète dans le chaos. et ça c'est génial.
Donc voilà. Scénaristiquement, Project Eden est un naufrage complet. Mais esthétiquement et en tant que film d'action, c'est un vrai plaisir coupable.