Début percutant pour ce deuxième film du programme « Les nuits en or » de la tournée 2013 des courts métrages présentés par l’Académie des César. Le premier plan commence en plein dialogue :
« Tu pourrais pas la fermer ? »
Il s’est donc passé plein de choses importantes avant cet instant. La situation est celle de deux hommes dans un studio d’enregistrement. Ils ont aux alentours de la quarantaine. Le chanteur est debout devant le micro (il a également un casque sur les oreilles), un blond que les femmes qualifieront probablement de vieux beau d’ici quelques années. L’autre est assis devant la table de mixage. C’est le technicien à qui l’autre vient de s’adresser. Que se passe-t-il ? Eh bien, le blond est celui qui pourrait devenir la vedette si l’enregistrement est à la hauteur de leurs espoirs. Mais l’autre, le brun, sent bien que quelque chose cloche. Alors, il n’arrête pas de donner des conseils au chanteur, ce qui a le don d’agacer ce dernier.
De l’autre côté de la vitre du studio, deux autres personnes surveillent la scène d’un air assez indifférent. On sent qu’ils sont là par obligation et ne veulent surtout pas se mêler des affaires personnelles des musiciens. Pour eux, c’est boulot avant tout. A noter que le lieu est moderne, avec des couleurs vives alors que les deux protagonistes principaux dénotent quelque peu dans cette ambiance. Un décalage qui contribue à la réussite du film.
Après la première phrase, un dialogue électrique s’engage, ponctué par quelques tentatives d’enregistrement. Le spectateur réalise progressivement quels sont les enjeux réels du dialogue. Il y a certes des frictions quant à la qualité de la production musicale, mais ce n’est pas tout. La tension de l’enregistrement va servir de catharsis, jusqu’au moment de la révélation.
Si cette révélation n’étonne pas vraiment, c’est un beau moment d’émotion. Recommandation : l’accompagnement sonore du générique de fin en dit encore long. Un court (9 minutes) réussi qui illustre bien que parfois, ce genre de minutage est pertinent. Prix Guldbagge 2013 du Meilleur Court Métrage de Fiction (Suède) pour un réalisateur suédois à suivre : Johan Jonason.