Je rêvais que j'étais dans une comédie musicale
Après Breaking the Waves et les Idiots, Lars Von Trier achève sa trilogie sur le sacrifice, l'amour, le don de soi par un drame musical composé, chanté, dansé et porté par son interprète principale: la merveilleuse Björk.
Un style de mise en scène qui privilégie le jeu des acteurs, l'authenticité par l'emploi de la vidéo et d'une réalisation épurée, sans fioritures. Cette manière de filmer tremblotante, façon docu en rebute pas mal.
Suivant une caméra réaliste et brutale, on assiste impuissant à la descente aux enfers de Selma. Le film porte un regard cru sur la société et l'homme qu'il s'agisse d'injustice, d'amour, des conditions de vie des ouvriers, du système judiciaire, de la peine de mort...
Malmenée par une vie âpre, une fatalité aveugle, Selma s'expatrie dans "La mélodie du Bonheur", la pièce qu'elle joue et chante parmi une troupe théâtrale d'amateurs. Tout son est prétexte pour s'évader: les bruits des machines de l'usine, d'un train, des pas... Elle se crée un monde tout en musique, chansons et couleurs pour suppléer la réalité insupportable. Elle trouve ainsi asile dans une forme de folie salvatrice. Les échappées oniriques qui parsèment le film offrent de magnifiques chorégraphies.
Les compositions musicales de Björk originaires de son univers extraordinaire et magique s'accordent parfaitement à la personnalité de l' êtrange Selma en marge d'une humanité dénaturée et inhospitalière.
Malgré le combat acharné de Selma pour sauver son fils, on peut se rebeller contre sa résignation finale quant à son propre sort. Elle semble se complaire dans son rôle de victime fatale promise au sacrifice.