Dernier tour de manège pour Roger Moore, qui après avoir endossé le rôle à sept reprises sur douze ans, fait de Dangereusement Vôtre sa dernière mission.
Habituellement particulièrement spectaculaire, la scène d’introduction de Dangereusement Vôtre cloue moins le spectateur à son siège que d’habitude. En étant accompagnée d’une musique reprenant une des mélodies de base de la musique qui accompagnait déjà George Lazenby dans Au service secret de Sa Majesté, elle offre également un moment d’étonnement lorsque l’on entend chanter les Beach Boys alors que Bond tente d’échapper à ses ennemis. Cette scène semble, finalement, annoncer la couleur : un film généralement moins surprenant, avec tout de même des coups d’éclat, s’inscrivant dans la lignée des films précédents.
Dangereusement Vôtre est souvent lourdement critiqué, étant considéré comme l’un des pires épisodes de la saga, voire le pire. Et il serait cruel de le considérer ainsi, même s’il faut reconnaître que nous ne sommes pas face à l’un des plus brillants non plus. Son scénario rocambolesque mêlant complots d’ordre technologique, dopage de chevaux, expériences nazies et guerre froide offre de curieux mélanges, comme si l’on avait tiré au sort plein d’éléments et qu’on les avait tirés au hasard. Pourtant, tout cela arrive à être contenu dans le cadre de ce quatorzième film. Dangereusement Vôtre c’est, en quelques mots, un scénario fou, un duo de méchants qui marque, une excellente musique de générique, des scènes d’action intenses, mais aussi un décalage entre les ambitions et la réalité.
Le duo Roger Moore / Patrick Macnee, aussi sympathique soit-il, a un vilain air de « les retraités passent à l’action », l’âge des hommes, s’il n’est pas particulièrement avancé dans l’absolu, commençant à ne plus être véritablement compatible avec les épreuves qu’ils ont à franchir. Cela n’empêche pas John Glen de parvenir à entretenir l’illusion et à offrir un Bond en action, comme si de rien n’était. Car en face il y a Christopher Walken, l’homme d’affaires psychopathe, et Grace Jones, la garde du corps implacable et impressionnante, un duo de méchants qui constitue certainement le plus bel atout de ce film. Ce qui gêne principalement, c’est ce faux rythme qui s’installe, une vilaine habitude prise depuis quelques films déjà, et qui tend à générer des longueurs. Dangereusement Vôtre est généreux dans ses scènes d’action, toujours plus démesurées et spectaculaires, mais le récit, à côté, tend à patiner.
On ressent une certaine sagesse en voyant ce film, qui laisse un peu l’humour de côté, qui ne se précipite pas, qui arrive à faire preuve de sobriété. Mais, d’un autre côté, le tout manque de mordant, les atouts sont mis en avant mais pourraient l’être davantage, et on reste quelque peu sur notre faim. On sent que la fin approche pour Roger Moore qui, approchant de la soixantaine, décide enfin de laisser le costume de côté après de bons et loyaux services. Ce fut irrégulier, en dents de scie, et cela s’achève sur une note assez moyenne. Il était temps de passer à autre chose, et c’est ainsi qu’un long chapitre de la saga James Bond s’achève.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art