Bon, je conçois que je suis un peu acerbe dans mon titre de critique, mais c'est dicté par la colère ! La colère de voir un Bond aussi mauvais, aussi poussif, aussi mou, avec ce pauvre Roger Moore qui s'accroche à ce rôle comme une bernique à son rocher et qui n'est pas capable de se rendre compte qu'il aurait dû arrêter ; en 1985, il a 58 ans, il n'est plus crédible en James Bond qui embrasse des femmes pouvant être ses petites filles, et surtout dans quelle scène d'action n'est-il pas doublé ? on ne les compte plus dans ce film, sa doublure devrait avoir son nom sur l'affiche, c'est pas permis ces trucs-là ! et de plus ces doublures sont très visibles, c'est donc très mal fait. Où est le 007 dynamique et frais comme un gardon décrit par Ian Fleming dans ses romans ? Même les maquilleuses n'arrivent pas à cacher les rides de Roger, et en plus on dirait qu'il est légèrement lifté... bref j'arrête là avec Roger, je l'aime bien , mais là il fait pitié. .
Malheureusement il n'y a pas que ça, le film a bien d'autres défauts : son casting est alléchant, et l'affiche promettait un duel intéressant entre May Day (une adversaire à sa taille) et Bond, mais il ne vient jamais. La séquence pré-générique est bien réalisée mais c'est encore une poursuite à ski, déjà vue dans les Bond, faudrait un peu se renouveler. Toute la scène de la Tour Eiffel est réussie (malgré les doublures visibles) mais un peu gâchée par cette absurde poursuite en voiture coupée en deux ; c'était histoire d'associer encore une fois Rémy Julienne aux cascades bondiennes ? dommage que cette poursuite finisse en séquence gaguesque.
Mais la pire séquence pour moi, c'est cette poursuite encore plus grotesque en camion de pompier à Frisco, parfaitement inutile, mal amenée et pas justifiée. Et ce n'est pas tout, les méchants parlons-en : du côté de Max Zorin campé par un très bon Chris Walken qui donne une touche de folie à son personnage de richissime industriel blond décoloré, ça va très bien (le rôle avait d'abord été proposé à David Bowie qui l'a poliment refusé) ; c'est le cas de May Day qui fait tâche. Personnage de panthère noire qui se comporte comme un mec, elle est parfaite jusqu'à ce final où elle devient gentille, comme Jaws dans Moonraker, une amère désillusion qui confirme qu'on n'est plus dans un Bond, on est dans un Disney pour enfants... c'est pas la faute de Grace Jones, sa performance est aussi bonne que celle qu'elle venait de livrer dans Conan le destructeur où Cubby Broccoli l'a remarquée, c'est le scénario qui est mal construit et pas cohérent. Même chose avec Tibbett, incarné par ce brave Patrick MacNee, ex-John Steed de la série Chapeau melon et bottes de cuir qu'on est pourtant content de retrouver, mais sa mort était-elle vraiment nécessaire et surtout de façon si stupide ?
Ensuite, le générique de Maurice Binder sent le déjà vu, il n'impressionne pas, et la chanson de Duran Duran est probablement une des pires de toute la franchise.
Autre chose ? ben oui, la Bond girl tiens, Tanya Roberts est une actrice correcte, elle est très jolie, ça on ne peut pas lui enlever, mais son rôle de godiche n'a aucune épaisseur, encore une fois, le scénario est boiteux, on a en plus l'impression que les scénaristes se disent "tiens, pourquoi est-ce qu'on n'essaierait pas ça ?", sans se préoccuper d'une crédibilité bondienne... pourquoi n'ont-ils pas repris les anciennes notions du personnage de Bond ? pourquoi s'évertuent-ils ici à transformer cette mine d'or en fourre-tout indigeste et bourré de répliques vaseuses ? Vous l'aurez compris, je n'aime pas ce Bond, il est avant-dernier dans mon Top Bondien, même si comme dans tout Bond, y compris les moins bons, il y a un lot de bonnes scènes, quelques trucs marrants, et du dépaysement (ici, le pré-générique tourné en Islande, Paris, le somptueux château de Chantilly à 60 km de Paris, San Francisco). Mais avec ce septième film, il est temps pour Roger Moore de raccrocher son Walter PPK, c'est aussi le 3ème Bond réalisé par John Glen, je ne comprend pas comment il a pu foirer à ce point cet opus qui reste à mes yeux l'un des plus décevants.
A noter pour les curieux : dans la scène entre le général Gogol et Zorin, on aperçoit Dolph Lundgren en bodyguard, à l'époque, il était le boy-friend de Grace Jones et n'avait pas encore été choisi par Stallone pour tourner Rocky IV.