Cela bien longtemps que le jeu de Scott Eastwood, copie carbone de celui de son père, ne m'avait plus agacé, lui accordant même quelque charisme et une belle dose de sensibilité. Hélas dans ce film d'une platitude et d'une stupidité abyssales, le fils du grand Eastwood abandonne tous ses efforts d'antan pour jouer au psychopathe en pleine déroute existentialiste cherchant la rédemption dans l'anéantissement d'années de thérapies menées par un très drôle mais peu concerné Mel Gibson.
Oui, et c'est là tout le sel, ou le malheur, c'est au choix, de ce projet, le casting eu pu accoucher d'un bidule autrement plus qualitatif. Mel Gibson en psychiatre largué (visiblement convoqué pour deux jours de tournage pour jouer le type qui téléphone.... comme dans les navets pan asiatiques des eighties, on croit rêver devant cet artifice éculé), Kevin Durand en mercenaire cinglé et Scott Eastwood dans un rôle de doux dingue, il y avait de la matière. Il y avait de l'idée, mais pour en faire quoi ?
Production fauché, acteurs cabotinant (Scott Eastwood, Kevin Durand) ou s'ennuyant ferme (tout le reste du casting), dialogues nullissimes, caméra molle, scènes d'action illisible et cadrées avec les pieds, tout respire le cheap, depuis le décor naturel à moitié peint, jusqu'aux acteurs de second plan qui jouent comme des patates. Un Tyrese Gibson annoncé comme une tête d'affiche qui se fait sortir en 10 min (là encore une belle entourloupe très marquée du signe des productions low cost), une Famke Janssen qui n'est plus que l'ombre de la James Bond Girl délicieusement vicieuse de Goldeneye. Un film pour payer ses impôts qui ne réussit à faire sourire que dans l'incongruité (voulue, rendons leur au moins cela) des scènes Eastwood/Gibson, où comment un psy encourage par un quiproquo son taré de patient à se re-vautrer dans la violence et le sadisme qu'il affectionne tant. Sauf que le pétard reste mouillé, dès que cela doit cogner ou canarder, c'est affligeant.
Le scénario semble avoir été écrit sur place au fur et à mesure du feeling du jour, ca n'a aucune cohérence, c'est mal ficelé, c'est d'un lent, une vraie purge, qui demande d'éteindre tout ce que votre être compte de raison. De toute façon, quand une voix en off (même si celle du héros) se sent obligée à la fin du film de t'expliquer tout ce que vous venez de voir par le menu, c'est que quelque part dans l'équipe, quelqu'un s'est dit: "Merde on pige que dalle!"
Second bon point, la délivrance, celle de la soundtrack de fin signé de Johnny Reid: "Dangerous", jolie ballade rock qui mérite l'écoute. Tout ce que je retiendrai finalement d'un profond navet qui, par son humour intermittent et quelques facilités éculées de réalisation, penche sérieusement vers le nanar.