Je suis triste que "In the name of the Father" soit si estimé quand "Daniel" reste si peu connu (la faute à un gros flop lors de sa sortie). Le même sujet, ou presque, traîté différemment. Le premier film m'a grandement ennuyé par son manque d'approfondissement du sujet et par la spectacularisation de celui-ci. "Daniel" traîte de son sujet avce froideur, intimité et radicalisme.
Pourtant je ne suis pas non plus totalement friand de ce film : une construction en flashback dont chaque séquence n'apporte pas spécialement d'info croustillante, des conflits relativement rares, deux récits en parallèle empêchant d'approfondir soit l'un soit l'autre, des sous questions traîtées un peu trop rapidement (j'aurais voulu en voir plus sur la vie à l'orphelinat des deux enfants). Mais l'auteur présente tellement de bonnes scènes. Et puis, même s'ils sont rares, il y a des petits conflits ici et là qui permettent de maintenir l'attention, de donner des enjeux à taille humaine. Enfin, ce radicalisme : le discours sur la révolution est nettement plus subtil et comporte sa part de désillusion sans pour autant tomber dans l'explosion.
La mise en scène est vraiment très bonne. En même temps, c'est Lumet, un très bon réalisateur. Sa caméra est au service de l'histoire ; Sidney s'empêche tout maniérisme, il propose plutôt une image froide collant à son sujet ; je regrette tout de même le traitement sépia du flashback, ça ne colle pas vraiment. Les acteurs sont très bons, dommage d'ailleurs que Hutton n'ait jamais vraiment connu la gloire car il joue avec honnêteté et pertinence son personnage.
Petite digression : c'est fou ce que Ellen Barkin ressemble à Blake Lively ! J'en suis même venu à penser qu'il s'agissait de cette dernière, concluant alors qu'elle vieillissait très bien.
Bref, un film assez juste, mais qui m'a semblé un peu long la faute à sa structure composée sur le mode du flashback, ainsi qu'à une présence trop rare de conflits. Cela reste tout de même fort divertissant.