Une découverte.
L'histoire, que raconte Lumet en 1983, s'inspire de la vie de Julius et Ethel Rosenberg dans les années 50. Les noms des personnages sont remplacés par Paul et Rochelle Isaacson. D'ailleurs, un encart à la fin du film signale (en substance) que "toute ressemblance avec des personnes réelles ou des faits réels ne serait que pure coïncidence ".
Ce qui libère bien des facilités scénaristiques.
Donc, les Isaacson étaient depuis longtemps des militants acquis à la cause communiste et membres du parti communiste US. En plein McCarthisme et Guerre Froide, ils furent soupçonnés, condamnés et exécutés à la chaise électrique pour intelligence avec l'URSS et notamment pour avoir transmis des documents secrets.
Est-ce le produit d'une injustice, est-ce que la culpabilité est avérée, est-ce-que …, je ne rentrerai certainement pas dans un débat qui ne présente guère d'intérêt d'autant qu'aujourd'hui divers éléments sont désormais connus, tous, sujets à interprétation dans un sens comme dans l'autre, suivant les commentateurs ou les différentes chapelles politiques. Ici, je ne m'intéresserai uniquement qu'au film, au jeu des acteurs et à la mise en scène.
Déjà la construction du film est très intéressante car l'histoire est vue à travers les yeux des deux enfants, Daniel et Susan, qui ont vécu cette tragédie familiale vers l'âge de 10 ans, dans les années 50. Le film ne cesse de traverser les âges entre l'avant-guerre et les années 50 pour les parents, entre les années 50 et les années 60 pour les deux enfants. Ceci se produit à travers des flash-backs nombreux, très bien faits car on peut reconnaître les époques à travers les vêtements et les véhicules mais surtout à travers des filtres qui modifient les couleurs du film.
Sans trop vouloir spoiler, on observe surtout l'impact de ce drame sur les deux enfants qui ne réagissent pas du tout de la même façon. Une belle liaison qu'on pourrait traiter de fusionnelle (pour faire moderne) lie les deux enfants. Daniel a tenté de se reconstruire dans l'oubli de cette période difficile en bâtissant une vie "normale" à travers un mariage et un enfant. Alors que Susan n'a jamais pu admettre ce qui est arrivé aux parents et est devenue une jeune femme révoltée, ulcérée et qui plonge dans tout combat passant à sa portée. Rien ne compte que sa haine.
Spoiler : Tous ces combats la dévoreront vivante. Tandis que Daniel va finir par s'interroger et mener une quête sur ce qui est arrivé.
Les deux acteurs qui jouent les rôles de Daniel et Susan sont bouleversants : il s'agit de Thimothy Hutton et surtout Amanda Plummer dans le rôle de Susan adulte.
Le film est un plaidoyer sans concession contre la peine de mort. D'ailleurs, Lumet s'attarde, de façon quasiment documentaire, sur le fonctionnement de la chaise électrique à en faire froid dans le dos.
Spoiler : Une image très forte, à la limite de l'insoutenable, montre que le passage de Rochelle sur la chaise rate et qu'ils sont obligés de refaire l'opération. J'avais toujours entendu dire que l'échec du supplice conduisait, traditionnellement, à une grâce de facto. Aux USA, à cette époque, ça ne semblait pas le cas.