Families should be together. No matter what.
Si vous avez décidé de voir un film de baston, bourré de testostérone et enrichi en hémoglobine, passez votre chemin. Ce n'est pas Expendables que vous avez dans les mains mais bien un petit bijou.
Attention : Cette critique ne tient pas compte du fait que le scénario vient de Luc Besson ce qui entrainerait une critique assassine envers le producteur/réalisateur.
Je parle de bijou parce que la prestation de Jet Li est tout bonnement stupéfiante. Le petit asiatique nourrit au Wu Shu avait demandé un film qu'il n'avait jamais fait avant, un challenge, sans pour autant ce trahir auprès des fans. Luc Besson lui propose un pitch on ne peut plus bancale : "C'est un homme qui est mentalement comme un enfant, physiquement comme un chien féroce dressé par un type mauvais qui un jour, est sauvé par la musique."
Et c'est ce que la plupart des spectateurs ont manqué. Pour eux, il est impossible d'embrigader quelqu'un à ce point sans entrainement adéquat. À ces gens là, je ne leur parlerait donc pas des enfants soldats, puisque c'est impossible qu'on les forces à tuer. Toujours est il que quand je regarde Danny The Dog, je ne vois pas un chien mais un autiste. Un adulte qui n'a jamais grandi. Et c'est en cela que Jet Li est bon. Parce qu'il n'a pas besoin de parler pour communiquer. Son regard peut traduire toute les émotions. Il peut passer en un battement de cil, de la colère à la surprise. J'en prends l'exemple dans la scène avec le sac de frappe. Jet Li n'a pas besoin de texte, il n'a besoin que d'un regard caméra.
Mais le personnage principal ne serait pas aussi interessant sans tout ceux qui gravite autour de lui. En particulier Bart (Bob Hoskins). Ce personnage est certainement plus un personnage clé que Sam (Morgan Freeman) dans le sens où il joue le "père" de Danny. Il joue le père dans tout les aspects les plus vils de la figure paternel. Tantôt amical, compatissant, aimant, tantôt aigri, colérique et foncièrement méchant. Et Hoskins campe une parfaite pourriture, en rajoutant plusieurs couches pour forcer les traits d'un détestable tyran dont on ne peut que s'attendrir à la fin. Bart est au final un personnage complexe qui n'a que Danny en souvenir d'une femme qu'il a certainement aimé.
Le personnage de Sam vient contrebalancer celui de Bart puisqu'il n'est qu'amour et dévotion pour celui qui deviendra son fils. On ne le voit qu'une seule fois en colère, si l'on peut appeler ça comme telle. Pour le reste, Morgan Freeman a su lui donner son calme et un tempérament doux et compréhensif. Soulignons aussi la performance du fait que le personnage de Sam est devenu aveugle deux jours avant le tournage.
La réalisation de Leterrier peut être vivement critiqué, je le conçois et ne défendrais pas ses choix même si pour ma part, elle n'a pas été gênante mis à part quelques petits effets de trop. Les chorégraphies de Yuen Woo Ping sont extraordinaires et on ne regrette pas que Leterrier soit passé au milieu de tout ça de manière à donner un rendu un peu plus urbain aux scènes de combat.
Concernant la bande original, rien à dire. Massive Attack signe une excellente B.O qui encense le film de manière sublime.
P.S : Luc Besson m'a impressionné sur ce film d'autant plus qu'il a poussé le vice assez loin en laissant Bob Hoskins coupé les cheveux de Jet Li comme ferait Bart avec Danny. Le résultat n'est pas trop mal du tout d'ailleurs.
C'est donc un 8/10 pour un film court mais efficace à ne pas regarder comme un film de baston moralisateur mais comme une performance scénique de Jet Li.