Vous avez sans doute déjà fait au moins une fois l'expérience d'un film qui vous transporte de manière totalement inattendue. Eh bien, ce fut mon cas avec Dans l'ombre de Mary - La Promesse de Walt Disney sorti en 2013 et regardé en 2018.
Le fait que je sois tombée sous le charme de ce film-documentaire va vous paraître encore plus incongru en lisant ceci: je n'avais pas vu Mary Poppins en entier avant de le regarder.
Je me suis mise à vibrer dès la séquence d'ouverture avec la douce mélodie Chim Chim Cher-ee accompagnant un père et sa petite fille en train de jouer dans un beau jardin verdoyant. Tout de suite, l'on comprend que la relation entre Pamela L. Travers avec son père sera au cœur de la psyché du personnage. Le film est ainsi entre-coupé de flashbacks plus ou moins longs racontant des pans de l'enfance de la créatrice de Mary Poppins et faisant subtilement le lien entre ce qui nous est montré au présent de la narration, début années 60.
Ce qui frappe d'entrée de jeu, c'est bien la différence entre la Pamela L.Travers que l'on voit enfant, souriante et enjouée, et celle que l'on voit adulte: froide et sèche. On devine alors que quelque chose a bien dû se passer pour qu'un tel changement se soit opéré dans le caractère du personnage.
Nous devons toutefois mettre cette interrogation de côté pour s'intéresser à la trame principale du film: Walt Disney courant après Pamela L. Travers pour obtenir les droits des récits de la nounou anglaise. Pamela L. Travers a besoin d'argent et son agent la supplie d'accepter, ce qu'elle finit par accepter à contre-cœur (elle a en horreur les dessins animés de la Walt Disney Company) et décide de se rendre à Los Angeles.
Le contraste assez saisissant entre une Angleterre calme mais sans doute un peu morne et une Amérique chatoyante et accueillante fait sans doute écho aux deux personnalités antinomiques de Pamela et de Walt. Pamela a d'ailleurs bien du mal à se faire à son nouvel environnement dès son arrivée à l'aéroport, se plaignant de la chaleur et de la familiarité des Américains. Tout de suite, le spectateur comprend que la relation entre les deux protagonistes de l'histoire va être assez tumultueuse. Car Pamela, c'est qu'elle y tient à son oeuvre et elle n'accepte de la céder que si Walt accepte des termes bien précis et si elle a son mot à dire.
D'aucuns pourraient la qualifier de vraie ch*euse et comment les contredire quand on assiste aux réunions de l'équipe tentant en vain de proposer des idées scénaristiques et graphiques et que Pamela trouve quelque chose à redire sur à peu près tout, ayant des exigences totalement farfelues: "pas de rouge dans le film". Si elle ne voulait pas de chansons au début, Walt s'obstine et peu à peu, Pamela s'adoucit.
L'adoucissement du caractère de Pamela se fait au fur et à mesure des flashbacks où petit à petit, l'on commence à reconstituer des brides de son passé. Par la même occasion, le spectateur averti repère des parallèles évidents avec Mary Poppins.
Le père qui travaille dans une banque, le côté insouciant et rêveur qui deviendra par la suite la hantise de Pamela suite à la mort de son père, et la tante qui se chargera de remettre la maison en ordre rappelant évidemment Mary Poppins
S'il y a bien une scène qui m'a frappée c'est celle où les frères Sherman entonnent la chanson de la banque et que parallèlement, nous avons des flashbacks sur un épisode traumatisant.
Le père saoul qui s'humilie devant toute une assemblée, les gros plans sur les visages marqués à la fois par la colère et la tristesse de la mère et de la petite Pamela sont à serrer le cœur de n'importe qui. Par la suite, la tentative de suicide de la mère totalement désespérée, sauvée à temps par sa fille, est bouleversante.
Traitant de thèmes parfois assez difficiles, le film m'a pas mal fait verser des larmes. Je l'avoue. La fin particulièrement est saisissante et je n'écoute plus du tout Le Beau Cerf-Volant de la même façon dorénavant. Le film de 1964 prend ainsi une toute autre dimension, une dimension plus dramatique.
Porté par deux acteurs de haut vol, j'ai nommé Tom Hanks, très bon en Walt Disney, et Emma Thompson, Dans l'ombre de Mary - La Promesse de Walt Disney est un petit bijou, un film totalement inédit comme on aimerait que Disney nous en propose plus souvent. Non seulement il s'agit d'un biopic-documentaire romancé (ce qui ne plaira pas forcément à tout le monde), mais en plus il nous permet de nous plonger dans les coulisses de la création d'un chef-d'oeuvre.
Merci John Lee Hancock.