Suite à La nuit a dévoré le monde, un film de zombies très intéressant sorti le mois dernier, j'étais très curieux de découvrir avec Dans la brume une illustration supplémentaire de cette nouvelle vague de la SF française qui fait parler d'elle. Le pitch, associé à la bande-annonce, m'ayant par ailleurs mis en appétit : un couple fuit l'arrivée d'une purée de poix mortelle en se réfugiant au dernier étage d'un immeuble parisien tout en laissant leur fille chez eux, à l'abri d'une bulle de confinement qu'elle n'a jamais quittée.
J'étais donc en condition pour passer un bon moment de cinéma. Pas de grignoteur de pop-corn à gauche, pas d’obsédé du portable à droite (c'est redoutable de ne plus pouvoir choisir sa place - ou en changer- dans certains ciné, non ?), la chance était donc avec moi, je n'avais plus qu'à me concentrer sur cette histoire de brume pas commode.
Oui mais voilà, passé les dix premières minutes du film que j'avais pour ainsi dire déjà vues dans la fameuse bande-annonce, je sens ma concentration baisser légèrement. Mauvais signe, étant en général parfaitement en phase avec un film lorsque je l'apprécie. Et voilà, qu'au lieu d"écouter ce que raconte Romain Duris à son vieux voisin qui l'a accueilli, j''aperçois, là, furtivement, entre deux plans, posé à même une table : un jeu de go ! Et alors me direz-vous ? Eh bien, chers lecteurs, chères lectrices, c'est qu'il est bien rare que ce jeu apparaisse dans un film et que précisément, j'ai ici même (sur S.C) une liste consacrée aux scènes où ce jeu apparait ! Et donc, me voilà à me dire que c'est une chance de l'avoir repéré et qu'il fallait que je m'en souvienne lors de ma prochaine session S.C. Très loin en somme de la brume qui nous/vous intéresse.
Je m'apprête à me raccrocher au film - car il ne s'agit pas de louper un dialogue important pour la compréhension de la suite - lorsque surgit dans mon angle de vision, là-haut, sur une étagère de la pièce devant laquelle se tient la belle Olga Kurylenko, un globe terrestre ! Pas bien grand, de ceux qu'on offre à ses enfants pour leur éveil éducatif, mais trônant bien en vue entre deux rangées de livres. Mon sang ne fait qu'un tour ! La liste de PierreAmo ! Yes ! Surtout ne pas oublier ce détail ! Mais voici que le beau Duris tente une sortie et se dirige en apnée vers un étage voisin... La raison de cette expédition soudain m'échappe... c'est ça de ne pas rester concentré. C'est qu'au cinéma on ne peut pas cliquer sur pause. Bref, j'essaie tant bien que mal de recoller au scénario... sauf que quelques secondes plus tard, alors que je suis en train de me demander si la scène du miroir que je viens de voir vaut le coup d'être signalée à Aurea pour sa liste dédiée, sort de la brume : un chien ! Alors là évidemment, je ne vous fais pas un dessin, car qui voit un toutou dans quelque film que ce soit pense tout de suite à ça ! Pierre, encore lui !! Ce chien n'est pas des plus sympathiques mais de mémoire, Pierre n'est pas très regardant sur le caractère de la bête.
Puis ce ballot de Romain Duris tombe à la renverse dans la Seine !
Pas de quoi alerter Anne Schneider et sa belle liste aquatique sur ce coup-là.
D'ailleurs, je réalise que le film que j'ai vu la veille comportait une scène, qui elle, aurait très bien convenu à ladite liste. Mais je m'égare, je m'égare... Les listes, les listes envahissent mon esprit comme la brume le film. Je tente de me ressaisir, de retrouver le chemin de la fiction mais rien à faire, je me sens comme contaminé par cette crise de listomania sévère qui ne me lâche plus.
Je reprends le fil de l'histoire en faisant abstraction le plus possible du moindre détail qui pourrait m'en faire sortir, bannissant de mon esprit tout pont, train, lampadaires, cris, hôtel, et autres anges ou félins qui risqueraient de me faire plonger et finis en apnée mentale dans cette brume thématique, imitant à ma façon les deux héros du film qui traversent eux-aussi cette histoire en mode semi-asphyxie.
Je sors de la salle et jette un dernier coup d’œil à l'affiche me demandant quelle note j'allais bien pouvoir lui donner. Et là, dans un coin de l'affiche, il y a une tour Eiffel !
Personnages/Interprétation : 7/10
Scénario/histoire : 6/10
Réalisation/mise en scène : 7/10
6.5/10