South side story
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Ça ne mange pas de pain, mais comme tous ceux qui ont été attristés par sa disparition récente ( :'( ), j'avais envie de faire un petit clin d'oeil à Tavernier, alors j'en ai profité pour découvrir l'un de ses derniers faits d'arme. Précisons d'emblée que je n'ai pas lu le roman de Burke à l'origine de son adaptation, toutefois le résultat m'a rappelé les polars craspecs ricains que j'ai pu apprécier ces dernières années, signés Thompson, Pollock ou Lansdale.
♫ ♪ Un peu de talent pour accompagner la lecture de cette bafouille malade
On sent dans ce film tout l'intérêt que portait Tavernier pour une certaine Amérique, incarnée avec poigne par un Tommy Lee Jones charismatique, aussi électrique que la brume qu'il tente de chasser. Son personnage faussement maître de ses émotions, qui peut se laisser aller à de sacrés excès de violence en un claquement de doigt est plus subtile qu'il en a l'air : droit dans ses bottes mais sans état d'âme quand il s'agit de faire tomber les salauds, aimé par sa famille et entouré d'amis mais finalement très seul dans le même temps, il est, à n'en pas douter, le sujet central du film de Tavernier. L'enquête en devient presque secondaire, simple prétexte à une ballade de luxe dans un bayou glauque à souhait.
Au menu des réjouissances, une mise en scène qui rappelle qu'un certain classicisme a toujours la classe : une photographie qui fait la part belle aux lieux investis, des caméras qui accompagnent le mouvement ainsi que les personnages qui le font naître à l'occasion de séquences qui prennent le temps d'exister avant se conclure. Ça fait du bien, en ces temps où l'anarchie du cut privilégie souvent bien plus la dynamique de l'image à la contemplation, de revenir à une certaine école plus traditionnelle du cadre.
On pourra regretter un poil le dénouement des différentes affaires occupant Tommy Lee Jones, ainsi que les apartés fantastiques avec le général d'infanterie ou encore le kidnapping final qui se solde par une résolution express. Mais finalement, tout bien considéré, ces éléments disparates participent à construire un thriller singulier qui ne repose pas uniquement sur le sordide des drames qu'il illustre.
Et puis 2h dans les bas fonds de la Louisiane sans éprouver le moindre sentiment d'ennui, et surtout une galerie de personnages aussi généreuse qui fonctionne à ce point (John Goodman est comme souvent dingue), ça se salue.
Enfin, petite cerise sur le Gumbo, ça faisait longtemps que je n'avais pas apprécié à ce point la bande son d'un film, elle tournera sur Spotify au boulot la semaine prochaine, à n'en pas douter
Créée
le 29 mars 2021
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